Pierre Mahé (1914-1995)

Fils de Gabelou, petit-fils de paysans-paludiers turballais, Pierre Mahé raconte dans ce livre comment, avant-guerre, il fréquenta l’ École Primaire Supérieure puis l’ École Normale de Savenay et devint instituteur à Mesquer, puis à Saint-Malo-de-Guersac. Il adhéra au parti Communiste et devint rapidement responsable au sein des jeunesses communistes.

Puis c’est la mobilisation et la Drôle de guerre. Il vit la débâcle et, prisonnier de guerre, il n’a de cesse de s’évader, s’y reprenant à pas moins de cinq reprises. Sillonnant l’Allemagne, sur les chemins de l’évasion et sur les voies des camps, la liste des endroits où il est passé est impressionnante. Berlin, Nuremberg, Stettin, Dantzig, Lvov… et puis libre enfin, Stockholm, Aberdeen, Édimbourg, Londres.

Après la guerre, il retrouve sa femme, Suzanne, elle-même rescapée des camps allemands, et c’est le retour à Saint-Nazaire bombardé, la vie dans l’Hermitage de la Baule, réquisitionné, la reprise du travail d’instituteur, le militantisme dans les bungalows d’urgence de Kerlédé.

Dans de premiers « souvenirs », rédigés en Suède, en 1944, pour des journaux, Pierre Mahé prévenait alors ainsi ses lecteurs Suédois : « les faits que je vais vous raconter ne sont pas le produit d’une imagination fertile, de grossiers bobards de propagande ou des informations fantaisistes. Je fais abstraction de toute haine, de tout esprit partisan pour me borner à écrire ce que j’ai vu et ce que j’ai subi… Vous vous refuserez à croire qu’au XXe siècle, on puisse assister à de telles scènes d’horreur. Et pourtant, pour être incroyable, ce n’en est pas moins vrai ». L’avertissement garde toute sa valeur pour le présent ouvrage.

Ces « Mémoires de Liberté » sont beaucoup plus qu’un livre de souvenirs. A la fois leçon d’histoire et d’espoir, ils atteignent souvent, comme les lecteurs et lectrices en jugeront facilement d’eux-mêmes, avec leur contenu de tragédies, d’émotion et même d’humour, le souffle du roman vrai de la vie.

Photo de couverture : Septembre 1943, Pierre est évadé sans papiers ; chaussures, costume, les marks qu’il possède, tout a été volé à la Reich Post de Stettin.

EXTRAIT : Pierre Mahé et l'AREMORS (1994)

"J'ai créé, vers 1975-1976 [en fait 1979], avec Jean Aubin, l'AREMORS (...). Nous formions une équipe de huit à dix personnes, des enseignants pour la plupart. Nous avons bien bossé. Que d'heures passées aux Archives départementales et locales, dans les bibliothèques, que de dossiers consultés, de livres lus, de gens interviewés (pour les périodes récentes), de pages rédigées, de discussions parfois vives quand nous passions à la critique des paragraphes ou chapitres terminés. Nous avons sorti 4 volumes et 6 cahiers. C'est un bilan honorable."

Pierre Mahé, Raconte Pierre, AREMORS, 1994, p.109.