Exportation du silex

Quand le Grand-Pressigny exportait ses grandes lames de silex

Souvent présentée par le passé comme la « capitale mondiale du silex », voire même la « capitale mondiale de la Préhistoire », la région du Grand-Pressigny, située au sud du département d’Indre-et-Loire, doit sa renommée et sa réputation à ses ateliers de taille du silex qui sont encore actuellement les plus importants connus en Europe occidentale.

Reconnus très tôt, dès 1864 par certains érudits locaux et préhistoriens dont le Docteur Léveillé, médecin au Grand-Pressigny, ces ateliers qui se signalent en surface par un grand nombre de livres de beurre, outils et surtout éclats de taille, ont reçu, depuis la fin du XIXème siècle la visite de nombreux préhistoriens mais aussi de milliers de collectionneurs qui tous ont emporté des quantités de livres de beurre et de superbes outils en silex sans qu’aucune fouille ou étude scientifique n’ait été réalisé.

Poignards pressigniens découverts dans les villages lacustres de Neuchâtel

En l’absence de fouilles et travaux scientifiques, on ne connaissait pas le fonctionnement de ces ateliers et la destination de leur production de grandes lames. Celle-ci était-elle réservée au strict usage personnel et immédiat de la population locale d’agriculteurs éleveurs ou bien au contraire était-elle destinée à l’exportation sur notre territoire comme on l’a présenté lors du Congrès préhistorique de France qui s’est tenu à Tours en 1910.

Il aura fallu attendre 1970 et la découverte d’un important dépôt de 133 lames brutes mis au jour par un labour sur le site de La Creusette pour que des études scientifiques soient entreprises ; elles ont commencées par des fouilles dans le secteur de la Creusette à Barrou qui s’est révélé être une aire d’habitat mais aussi de taille de silex.

D’autre part, sue les bases d’une étude approfondie avec un géologue du BRGM d’Orléans qui permet de définir le silex très particulier de la région du Grand-Pressigny et de le reconnaître éloigné de son lieu d’extraction, un inventaire des lames pressigniennes a été entrepris dans l’Est de la France et en Suisse occidentale d’abord, là où les villages lacustres du Néolithique final habités entre 2800 et 2400 avant J.–C. et bien datés par dendrochronologie, ont tous importé des silex du Grand-Pressigny ; ils apportent ainsi de précieux renseignements sur la datation de la production des ateliers pressigniens.

Depuis, l’inventaire a été étendu à l’Europe occidentale où les poignards pressigniens présents dans presque tous les habitats et sépultures du Néolithique final de notre territoire, ont atteint la Belgique, les Pays Bas et l’Allemagne du Nord et la Suisse. Une importante publication sur le sujet doit être publiée fin 2018.