Histoire du Musée

2009

Le nouveau musée

Dr Auguste Léveillé

Il était une fois... Le Grand-Pressigny

Nous découvrons le Docteur LÉVEILLÉ au travers d'un texte rédigé par Monsieur Fernand Berthouin paru dans le bulletin municipal de juin 1991.

Auguste LÉVEILLÉ naît le 5 juin 1805 au Grand-Pressigny où son père était médecin. Il fait ses études secondaires au lycée de Nantes, puis sa médecine à Paris. Devenu interne des Hôpitaux, il est l'un des proches collaborateurs du célèbre Dupuytren. Il se lie d'amitié avec Verneuil et Nélaton ; comme eux, il brigue le titre de médecin des Hôpitaux. Malheureusement, son père meurt dans les temps qu'il en prépare le concours. Sa mère restée veuve, avec des enfants encore jeunes, il s'en revient assurer la succession paternelle, vers 1830.

Quelques années plus tard, il se marie et se fixe définitivement dans notre cité. Alors, il se dévoue à ses concitoyens, soignant bien souvent sans exiger d'eux de quelconques honoraires et fournissant même parfois gratuitement les médicaments aux plus déshérités. Dans tout le Pressignois, il acquiert bientôt la renommée d'un praticien ne ménageant ni son temps, ni sa peine, la renommée d'un homme bon et charitable. Aussi, devant une telle réputation, sa pratique s'étend-elle vite dans la région.

Parcourant la campagne, il foule ces silex qui jonchent les champs et qu'il prend pour des déchets de fabrication des pierres à fusil. Vers 1860, les découvertes de Boucher de Perthes annoncées par les feuilles scientifiques lui font réviser son premier jugement. Pendant deux années, il hésite, ramasse des documents, compare, réfléchit et se livre à une nombreuse correspondance. Enfin, en 1862, la certitude lui est acquise que les silex pressigniens sont des outils préhistoriques. Il lutte alors pour faire admettre son opinion au monde savant de l'époque. G. de Mortillet, Henri Christy, Edouard Lartet, John Evans, le visitent et parcourent avec lui les ateliers de la Chatière, du Petit Carroi et de la Claisière. Malgré cette caution, ses découvertes sont l'objet d'un scepticisme général, voire même d'un tollé universel, et les critiques fusent de toutes parts. Il ne se décourage point, bien au contraire, il se bat avec acharnement contre les détracteurs du Grand-Pressigny – ses détracteurs – ainsi qu'en témoignent les lettres qu'il adresse au directeur du Courrier de la Vienne et dont nous connaissons la teneur.

Et puis, après plusieurs années d'amères déceptions, après avoir supporté stoïquement de saugrenus dénigrements, il obtient la satisfaction de voir ses gisements pris au sérieux et la presse lui rendre hommage.

Au Congrès Préhistorique de 1910, dans son discours de la séance inaugurale, le Docteur Chaumier, fondateur de notre Musée, qui avait bien connu le Dr LÉVEILLÉ a laissé de lui un savoureux portrait et de sa demeure une description balzacienne.

« ... Le Dr LÉVEILLÉ était peut-être imprudent dans ses explications. Une lame de silex ayant une forte dépression, c'était une cuiller : donc les premiers hommes mangeaient la soupe. Un silex ayant sur le côté, trois ou quatre dents, encore couvertes de la croûte naturelle de la pierre, c'était un peigne : donc les hommes de ce temps se peignaient. UN instrument à deux branches presque égales était un compas : donc ils faisaient de la géométrie. Ils écrivaient même, car une pierre portait des signes spéciaux indéchiffrables. Tout cela dit avec une conviction sincère et un rire inoubliable, faisant résonner les murs de sa maison ... On a beaucoup ri du Dr LÉVEILLÉ. Je dirai pour sa défense, qu'encore aujourd'hui les savants les plus reconnus nous racontent des choses aussi fortes... Ce sont les savants qui disent le plus de bêtises. »

Et sa maison, « maison dans laquelle on était toujours reçu à bras ouvert ! ». « C'était une grande maison carrée, située entre cour et jardin. La cour était encombrée de livres de beurre ; il y en avait autour des plates-bandes et un peu partout. Les marches du perron étaient envahies par d'énormes ammonites et des blocs de bois fossile ; la maison entière était remplie de ses collections ! Le polissoir et les plus belles pièces avaient les honneurs du salon. Le cabinet de consultation regorgeait de silex, dans une vitrine, sur les rayons de la bibliothèque, sur le bureau. Dans les corridors, dans les chambres à coucher, partout des silex. Les meubles, armoires, commodes, placards : tout était plein. Madame LÉVEILLÉ n'avait où mettre son linge. Les lits inoccupés en étaient c ouverts. »

Mais à côté de ces choses dont on faisait des gorges chaudes, le Dr LÉVEILLÉ avait le don de l'observation et « avait poussé fort loin ses recherches ».

Le Dr LÉVEILLÉ n'appelait pas atelier un champ dans lequel on trouvait quelques silex taillés. Dans les vrais ateliers, il y a des éclats de toutes formes, amoncelés en ronds plus ou moins réguliers, d'un diamètre de deux mètres environ. Dans les points qui n'ont pas été bouleversés, ces amas ont jusqu'à 1 ou 2 mètres d'épaisseur ; les éclats sont les uns sur les autres sans ordre ; on n'y trouve qu'un très petit nombre d'instruments entiers. C'est, dit le Dr LÉVEILLÉ, comme si les ouvriers venaient d'abandonner leur travail. »

Si le Dr Auguste Léveillé ne fut pas un grand préhistorien, il était à la mesure de son temps. Rendons hommage à l’homme simple, affable et charitable qu’il fut. Rendons hommage à l’infatigable chercheur qui découvrit et signala nos immenses gisements auxquels son nom est lié à jamais.

Le premier musée a été installé en 1922 à la Mairie du Grand-Pressigny.

Le musée en 1954

L'association des Amis du Musée du Grand-Pressigny a été créée en 1935 à l'initiative des préhistoriens amateurs locaux : médecins, notaires, instituteurs, agriculteurs…

Le musée a été transféré en 1953 dans les locaux du Château achetés par le département d'Indre et Loire. Ce musée a été conçu et installé par Gérard Cordier qui en fut conservateur.

Rénové en 1980 par Jean-Claude Marquet, il vient de connaître une extension et une rénovation totale, conçue et réalisée sous la direction de Madame Catherine Louboutin, conservateure. Les travaux ont été financés par l'Europe, l’État français, la Région et le département d'Indre et Loire.