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Les principaux textes sanskrits
- Les Védas
- Les Brâmanas, les Upanishads et les Purânas
- Le Mahâbhârata, le Râmâyana et la Bhagavad-Gîtâ
- Les Yoga-Sûtras
- Le Hatha Pradîpikâ
- Le Gheranda Samhitâ
Les Védas
Les Védas sont les textes les plus anciens au monde. Il y a
quatre Veda : le Rig-véda, le Yajur-véda , le Sama-véda et l' Atarva-véda
plus tardif. Chacun est divisé en quatre sections. Les Védas comptent au
minimum 12 000 hymnes, les « Ruchas ».
L'âge des Védas et l'origine de leurs auteurs sont des sujets
controversés, les textes sont anonymes et non datés. Les indiens racontent que
les Rishis, les sages indiens ancestraux, entendirent les hymnes des Védas
émanées du Cosmos, ou du « Brahman », lors de méditation profonde. L’enseignement
était d’abord transmis oralement, puis bien plus tard, les premiers textes sont
apparus. Plusieurs dates sont avancées pour l'origine des Védas écrits :
approximativement entre 6000 et 1500 av J.C. En Grèce, on lit dans des
traités d’histoire que les 4 Védas datent de 6000 ans avant J. C. L’estimation à
1500 av. J.C. provient de la théorie de l’invasion Aryenne. Ce serait les
Aryens qui auraient importé les idées et écrit les Védas après avoir envahi le
nord-ouest de l’Inde vers 1500 av J.C. Cependant, depuis quelques années, la
théorie de l’invasion Aryenne est très sérieusement remise en question par les
chercheurs car aucune trace d’invasion n’est retrouvée. Ce serait une invention
des européens du XIXème siècle. Les recherches récentes des archéologues,
linguistes et géologues apportent des arguments convaincants qui situeraient
les Védas à au moins 3000 av. J.C. et attribueraient le mérite de ces œuvres au
peuple de la civilisation de la vallée de l’Indus.
(Arguments
centraux pour la datation des Védas et contre la théorie de l’invasion :
« Un survol du problème Aryen » par Michel Danino.)
Leur contenu :
Tous les sujets sont développés dans les Védas. L’astrologie
et l’astronomie y sont décrites en détail : on y trouve déjà que la terre
est ronde et il est fait référence à 14 planètes avec des détails sur les
distances et sur le fait que l’on peut trouver la vie sur certaines d’entre
elles. L’architecture, les mathématiques, la médecine, la philosophie, la
poésie, la théorie de la création, tout se trouve dans les Védas.
Ils ont été écrits dans la vallée de l’Indus, ils décrivent
la vie de l’époque : les villes, les fleuves, l’océan, le commerce, etc… (Ces explications sont très importantes pour la
datation des Védas, surtout la description du fleuve).
Leur enseignement de base est que la vraie nature de l'homme
est divine. C’est une recherche de la connaissance de soi, une recherche du
divin présent en chaque individu. Les Védas déclarent qu’on vit dans
l'ignorance de notre vraie nature divine et que c’est la cause de nos
souffrances. Cet enseignement reste encore aujourd’hui la base de toutes les
philosophies.
Les Brâmanas, les Upanishads et les Purânas
Les Brâmanas, les Upanishads et les Purânas sont des synthèses des védas.
- Les Brâmanas traitent l’aspect mythologique, philosophique
et rituel des Védas. Il en existe 19.
- Les Upanishads abordent l’aspect spirituel. Ce sont des commentaires qui expliquent l’essentiel des Védas. Plus de
200 textes sont connus mais seulement une dizaine (les plus anciens) est
considérée comme Upanishads majeurs. Les premières mentions
des techniques du yoga apparaissent dans les Upanishads.
- Les Purânas parlent de la création de l’univers
et de l’être humain. On y trouve aussi des légendes mythologiques. Il existe
36 Purânas : 18 majeurs et 18 mineurs.
Les Brâmanas ont été rédigé en premier, ensuite les Upanishad,
puis les Purânas. Leur datation reste encore imprécise : entre 2000 et 500
av J.C.
Le Mahâbhârata, le Râmâyana et la Bhagavad-Gîtâ
Le Mahâbhârata et le Râmâyana sont des épopées mythologiques
et historiques. Le Mahâbhârata est considéré comme le plus
grand poème jamais composé : il comporte 250 000 vers (quinze fois
plus que l’Iliade). Le Râmâyana est composé de 48 000 vers. Ils sont tout les
2 des écrits fondamentaux de l’Hindouisme et ont une influence sur les valeurs
morales, éthiques et religieuses. Ces poèmes sont encore très populaires, ils sont
des sources inépuisables pour le théâtre et le cinéma indien, indonésien et de
toute l’Asie du sud-est.
La
Bhagavad-Gîtâ est la partie centrale du Mahâbhârata. C'est probablement, de toute la littérature sanskrite, l'ouvrage
le plus connu en dehors de l'Inde, qui a été traduit dans de nombreuses langues
et lu par des millions de personnes qui ne connaissent rien d'autre du poème
dont il fait partie. Les Upanishads et la Gîtâ constituent la base des 6 écoles de la philosophie indienne.
Leur contenu :
Les épopées mêlent à la fois les hommes, les héros et les
dieux. On y trouve un enseignement spirituel très riche.
Le Râmâyana raconte la vie du prince Râma et de son union
avec Sîta. Râma s’avère être une incarnation du dieu Vishnu. L’histoire
comporte de nombreux passages tragiques et émouvants, et se révèle d’une
remarquable profondeur psychologique. Elle enseigne aussi les vertus du
courage, de la loyauté, de la foi, du pardon et de la solidarité.
Le Mahâbhârata est le récit d’une guerre légendaire entre
les Pândavâs (les fils du roi Pându), et les Kauravâs, (les fils du roi
Dhritarâshtra). C’est une histoire très longue. La Bhagavad-Gîtâ (l’un
des épisodes du grand récit) est un chef-d’œuvre de la pensée hindouiste. Il conte
l'histoire de Krishna (qui se révèle aussi à la fin comme incarnation du dieu
Vishnu) et d'Arjuna, un prince guerrier en proie au doute devant la bataille
qui risque d'entraîner la mort des membres de sa famille qui se trouvent dans
l'armée opposée. À un niveau plus profond, la guerre est une métaphore des
confusions, des doutes, des craintes et des conflits qui préoccupent toute
personne à un moment ou un autre de sa vie. La Gîtâ s'adresse à cette discorde en nous et
enseigne les yogas qui permettent de l'apaiser, le Bhakti Yoga : la voie
de la dévotion du Dieu personnel, le Jnana Yoga : la voie de la
connaissance, le Karma Yoga : la voie de l'action juste et le Raja Yoga :
la voie de la méditation. Selon Krishna, la racine de toutes les douleurs et de
tous les troubles est l'agitation de l'esprit provoquée par le désir. La seule
manière d'éteindre la flamme du désir, indique Krishna, c'est de calmer
l'esprit par la discipline des sens et de l'esprit.
Verset : 2.71 : « Celui que les plaisirs
matériels n’attirent plus, qui n’est plus esclave de ses désirs, qui a rejeté
tout esprit de possession et qui s’est libéré de la tyrannie de l'ego, peut
seul connaître la sérénité parfaite. »
Les Yoga Sûtras
Les Yoga Sûtras écrit par Patanjali, est un recueil de 195
aphorismes (Sûtra) en 4 chapitres. Les Sûtras sont des phrases brèves, destinées
à être facilement mémorisées. On estime leur rédaction entre 1500 et 500 av J.C. Ce
texte est la référence du système philosophique du yoga. Patanjali définit
clairement le yoga, il explique les comportements du mental, qui sont la cause
des souffrances et des effets obtenus si on arrive à les canaliser. Il aborde
les obstacles sur la voie et comment les éliminer. Il parle aussi de
l’ignorance ou du manque de conscience
qui sont la cause de l’attachement, de l’égoïsme, des peurs... La contribution de
Patanjali est fabuleuse pour le yoga parce qu’il explique les choses de façon
très pragmatique.
Il propose les 8 étapes de Ashtânga Yoga comme voie pour
sortir de la souffrance :
1. Yama, les règles morales
2. Nyama, les disciplines intérieurs
3. Asana, les postures
4. Prânâyâma, les techniques de respiration
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5. Pratyâhâra, le retrait des sens
6. Dhâranâ, la concentration
7. Dhyâna, la méditation
8. Samâdhi, la libération ou l'extase
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(Attention à ne pas confondre avec la pratique Ashtanga
Yoga qui se répand rapidement en Europe, qui est une pratique de yoga dynamique
introduite il y a environ 50 ans aux USA par Pattabhi Jois.)
Patanjali explique l'attitude mental à adopter durant les asanas, il parle du prânâyâma et de ses effets mais il ne décrit pas les postures ni les techniques de respirations.
Le Hatha Pradîpikâ
Le Hatha Pradîpikâ a été écrit par Svâtmârâma au 14ème
siècle de notre ère. Il a écrit son manuscrit sur les écorces d’un arbre appelé
« bhojpatra » et il a dispersé les pages à différents endroits de l’Inde
pour protéger son travail des musulmans qui détruisaient les textes
non-islamiques. Jusqu’en 1960 le Hatha Pradîpikâ était incomplet, on ne
connaissait que les 4 premiers chapitres. Les manuscrits sanskrits se terminent
toujours par une phrase type. En l’absence de la phrase « ainsi se termine
Hatha Pradîpikâ », Swami Kuvalayananda, fondateur de l’institut Kaivalyadhama,
a toujours pensé qu’il était incomplet. Il a rassemblé 300 manuscrits provenant
de temples ou de maîtres sanskrits et il a trouvé le 5ème chapitre
qui clos l’ouvrage. Le texte complet a été édité sous le nom « Hatha Yoga
Pradîpikâ » mais le terme « yoga » n’apparaît pas dans le titre du
manuscrit original.
Ce texte s’accorde parfaitement avec les Yoga Sûtras et les complète.
Son contenu :
Il décrit les mauvaises conditions sociales de son époque et
il parle d’une confusion qui a entraîné de mauvaises compréhensions à propos du
yoga. C’est cette confusion qui l’a motivé à écrire ce texte sur les techniques
du Hatha Yoga qui lui ont été transmises par son Maître, suite à une lignée de 15 Maîtres.
Svâtmârâma classifie la pratique en 4 étapes :
1. Asana, les postures
2. Kryias, les processus de purification
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3. Prânâyâma, les techniques de respirations
4. Mudrâs, les positions des mains
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On y trouve les descriptions de :
- 16 asanas, leurs techniques, leurs effets et leurs action préventif contre certaines maladies.
- 6 kryias (ou Sat-Karmas), leurs techniques et leurs bénéfices.
- 8 prânâyâmas, leurs techniques, les bénéfices en détails. L'auteur met en garde et décrit les différents problèmes qui peuvent survenir lors d'une mauvaise pratique.
- 10 mudrâs, leurs techniques, leurs effets, les erreurs possibles et leurs conséquences.
- 3 bandhas (les fermetures), leurs techniques et leurs utilités.
Il s'efforce de donner le plus d'éléments possible sur l'endroit idéal de la pratique, la nourriture appropriée, les attitudes qui mènent au succès et les obstacles à la pratique. Il parle de la Kundalini (une puissante
énergie) et des principes de l’Ayur-véda (la médecine traditionnelle indienne).
Le Gheranda Samhitâ
Le Gheranda Samhitâ signifie « la
collection de Gheranda ». C’est aussi un texte de référence du yoga
traditionnel, il est considéré comme le plus encyclopédique des classiques du
Hatha Yoga. Gheranda est sûrement un nom d’emprunt, on ne connaît rien de l'auteur,
il ne parle ni de lui, ni de son époque. Il a été rédigé après le Hatha
Pradîpikâ et on présume qu'il date du 15ème siècle.
Il est composé de 7
chapitres qui classifie la pratique en 7 étapes. On trouve la description des techniques de :
- 22 sat-karmas : les processus
de purification. L’auteur y apporte une grande. On retrouve les 6 nettoyages de
bases et leur développement les amène à 22.
- 32 asanas : les postures. Et
leurs bénéfices.
- 25 mudras : les positions des
mains.
- 5 pratyâhâra : le retrait des
sens.
- 10 prânâyâma : le contrôle du
souffle.
- 3 dhyâna : la méditation.
- 6 samâdhi : l'extase. Etat de libération
Gheranda décrit très agréablement la philosophie du yoga. Il explique, entre autre, qu'il n'y a pas plus grand barrage que l'illusion ("mâyâ"). Nous sommes tous sous son emprise, le yoga est le moyen le plus puissant pour nous en libérer. Le plus grand ennemi est le coté négatif de l'égo ("ahamkâra") et le plus grand allié est l'intelligence ("buddhi").
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Note : Il existe des zones d'ombre dans la littérature du yoga car les bibliothèques de Nalanda et Taxila où se trouvaient deux grandes universités bouddhistes, ont été brulées par les musulmans. Des milliers de manuscrits ont été détruits.
(Bibliographie pour Yoga Sûtra, Hatha Pradîpikâ, Gheranda Samhitâ et la note : "Le yoga, Art de vivre et science de l'expérience" de Shri O.P. Tiwari)
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