Léon Trotsky : Lettre à James P. Cannon (15 décembre 1939) [Source Léon Trotsky, Œuvres 22, septembre 1939 à décembre 1939. Institut Léon Trotsky, Paris 1985, pp. 221-222, titre : « Comment l’opposition va réagir », voir des annotations là-bas] Cher Camarade Cannon, Les dirigeants de l’opposition n’ont, jusqu’à maintenant, pas accepté la lutte sur le terrain des principes et ils tenteront de l’éviter encore à l’avenir. Il n’est donc pas difficile de deviner ce qu’ils diront de l’article ci-joint : « Il y a beaucoup de vérités élémentaires, très pertinentes dans cet article; nous ne les rejetons absolument pas, mais il passe à côté des réponses qu’il faut donner aux questions « concrètes » les plus brûlantes. Trotsky est trop loin du parti pour pouvoir juger correctement. Tous les petits-bourgeois ne sont pas dans l’opposition, pas plus que tous les ouvriers ne soutiennent la majorité. » Quelques-uns d’entre eux ajouteront sûrement que l’article leur « attribue » des idées qu’ils n’ont jamais défendues, etc. En guise de réponse aux questions « concrètes », les opposants veulent des recettes tirées d’un livre de cuisine à usage de l’époque des guerres impérialistes. Je n’ai pas l’intention d’écrire un tel livre de cuisine. Mais, avec notre méthode d’étude principielle des questions fondamentales, nous serons toujours à même de parvenir à la solution concrète correcte de tout problème concret, aussi complexe soit-il. Dans le cas précis du problème finlandais, l’opposition a démontré qu’elle est incapable de répondre à des questions concrètes. Il n’y a jamais de tendances à composition sociale chimiquement pure. Des éléments petits-bourgeois se trouvent inévitablement dans toute tendance et dans tout parti ouvrier. La question se pose seulement de savoir qui donne le ton. Dans l’opposition, ce sont les éléments petits-bourgeois qui donnent le ton. L’accusation inévitable selon laquelle cet article attribut à l’opposition des idées qu’elle n’a jamais eues s’explique par le caractère informe et contradictoire des idées de l’opposition, dont aucune ne peut supporter le choc d’une analyse critique. L’article n’ « attribue » rien aux dirigeants de l’opposition, il ne fait que pousser leurs idées jusqu’au bout. Je ne peux naturellement voir que de la touche le développement de la lutte. Mais c’est de la touche qu’on peut le plus souvent mieux observer les traits généraux d’une bataille. |
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