Par Idrissa KEITA
Le Bureau
de coordination des affaires humanitaires de l’ONU a rendu public son rapport
sur la situation alimentaire et sanitaire au Mali la semaine dernière tout en
évaluant la reprise des écoles et insisté sur la protection des civils.
La crise sécuritaire qui sévit
au Mali a engendré une crise humanitaire sans précédent. Pour aider les
millions de personnes affectées, le gouvernement et les agences humanitaires
ont lancé fin janvier 2013 un appel consolidé d’un montant de 400 millions
de dollars, soit environ 150 milliards de F cfa.
C’est pour expliquer les actions entreprises en matière humanitaire et discuter
avec les hommes de médias que le Bureau de coordination des affaires
humanitaires (OCHA) de l’ONU a initié le 28 Mai dernier, une journée d’échanges
dans ses locaux. La rencontre était animée par le coordinateur humanitaire des
Nations Unies au Mali, Aurélien Agbenonci.
Première du genre, la dite rencontre, qui sera organisée une fois par
mois, figure désormais dans le calendrier de l’OCHA, afin de mieux informer les
uns et les autres de l’évolution de la crise humanitaire au Mali et donner la
possibilité à chacun de pleinement jouer son rôle. L’accès humanitaire reste un
défi dans le Nord ex assiégé du Mali. Il reste limité dans plusieurs localités
du septentrion en raison des opérations militaires en cours, d’actes de
violence comme les attentats suicides ou encore des restes d’explosifs de
guerre. A cela on peut ajouter les exactions commises par le MLNA ces 5
derniers jours sur les populations ayant la peau de couleur noire. Malgré tous
ces facteurs d’insécurité, les humanitaire continuent tant bien que mal de
faire face à leur mission d’assistance, de secours et de soutien aux
populations de Kidal, Tombouctou et Gao.
A ce jour, les opérations humanitaires se poursuivent aussi au sud du
Mali qui continue de subir les effets de la crise alimentaire et nutritionnelle
à cause de l’insuffisance de ressources, a souligné Aurélien Agbenonci. N'oublions
pas le flux important de déplacés qui a compliqué l'évolution des choses au
niveau de Bamako et environs.
En effet 28% seulement des 150
milliards de Fcfa demandés, ont pu être mobilisés. La situation alimentaire est
jugée très alarmante surtout en cette période de soudure, selon les analyses
des experts du cadre harmonisé composé du gouvernement et de ses partenaires.
Cette situation est en phase de crise (IPC 3) dans le septentrion du pays, ce
qui signifie qu’une famille sur cinq souffre « d’un manque sévère de nourriture ». Deux districts de la
région de Kidal – Tessalit et Abeibara – ont atteint même le niveau d’urgence
(IPC 4), c’est-à-dire qu’en moyenne, une famille sur cinq fait face à un « extrême manque de nourriture ». Il
est essentiel de renforcer au plus vite l’assistance humanitaire, a préconisé
Aurélien Agbenonci. 517 500 personnes sont assistées par OCHA dans le
nord du pays ainsi que dans les zones d’accueil des déplacés.
Dans le domaine de l’éducation, on assiste à l’ouverture des classes dans
les régions de Gao et Tombouctou. 385
écoles sont fonctionnelles sur un total
de 1030 soit 37% des écoles. Ces établissements scolaires accueillent plus
de 86 000 élèves sur un nombre total
d’élèves estimé à 200 000. Aucune
école n’est fonctionnelle à Kidal qui est toujours assiégée par le mouvement
rebelle indépendantiste MLNA : on y dénombre 6 000 enfants en âge d’être
scolarisés. Au sud, des besoins ont été identifiés dans les écoles des zones
d’accueil des personnes déplacées internes.
Au plan
sanitaire, une épidémie de rougeole est présente à Gao et Kidal. Il est
nécessaire de renforcer le dispositif de prévention des maladies à « potentiel
endémique » comme le choléra surtout avec la saison des pluies qui vient de
commencer depuis plus de 10 jours. L’accès des populations aux soins de santé
présente des lacunes car certains centres de santé ne sont toujours pas
fonctionnels, les agents n’ayant pas tous été redéployés et la population cible
n’est plus sur place. Il faudrait créer des conditions de sécurité nécessaires
pour le retour prochain de la population. Chose à laquelle se penchera
fortement le Bureau de l’ONU au Mali , MISMA qui vient de voir son chef fouler le
sol Malien depuis Hier , Mardi 4 juin 2013 : il s’agit de l’Hollandais BERT KOENDERS .
Le
coordinateur de OCHA a également fait le point sur la situation des déplacés
internes. A ce jour ils sont plus de 300
000 et vivent dans des conditions difficiles, malgré l’aide et l’assistance
à leur égard. Du fait de l’absence de services sociaux de base, de l’insécurité
et de possibilité économique très limitée dans le nord, les personnes
continuent à se déplacer vers d’autres localités pour accéder à de meilleures
conditions de vie et de protection. Ce qui engendre une croissance fulgurante
des besoins humanitaires.
Mr Aurélien
Agbenonci a ainsi souligné un besoin important de ressources pour venir en aide
aux millions de personnes qui comptent sur cette assistance pour couvrir leurs
besoins essentiels. Il a indiqué que son bureau continue à développer le
plaidoyer et à mener des actions de réponses pour une meilleure protection des
civils. Les défis liés à la protection concernent, entre autres, la démobilisation des enfants soldats et leur
réintégration, la prévention et la prise en charge des cas de violence basée
sur le genre, la prévention des accidents causés par des restes d’explosifs de
guerre et la prévention ainsi que la gestion
des conflits intercommunautaires. Il est important que les populations
évitent l’amalgame afin de ne pas tomber sur les démons de la guerre civile.
Sur ce
dernier point, le conférencier a souligné que les programmes de réconciliation
doivent prendre en compte l’impact du conflit sur les relations sociales. Lourde
responsabilité qui attend le Comité de Dialogue et Réconciliation créé il y a
bientôt un mois.
Pour
conclure Mr Agbenonci a salué le retour progressif de l’administration dans le
nord du Mali et celui de la population. De nos jours plus de 15 000 personnes
ont pris le chemin du retour. De bonne augure à la veille des élections prévue
pour le 28 Juillet prochain.