Chers amis, parents et voisins Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. Et des rendez-vous, cela fait depuis quelques années déjà que nous en avons régulièrement avec le Trièves. Te souviens-tu Chantal, du jour où, il y a quelques années, nous nous sommes baladées toutes les deux dans le Trièves ? Nous nous étions même aventurées dans les ruelles de St Miche les Portes ! On avait adoré toutes les deux… Comme disent nos amis québécois, nous étions tombées en amour avec le lieu. Ni l’une ni l’autre ne savions à l’époque que le moulin nous attendait en contrebas. Ce fut un coup de cœur. Impression étrange devant ce moulin la première fois que nous l’avons vu : impression étrange que, le moulin et nous, nous nous connaissions depuis longtemps… On n’explique pas les coups de cœur. Les coups de cœur ne sont pas raisonnables… Bien sur, ce rendez-vous avec le moulin n’était pas un hasard. Nous nous intéressons aux moulins depuis longtemps déjà et Jean-Louis, au fil des ans, est devenu quelque chose d’un expert en la matière. Ce qui nous à beaucoup touchés entre autre, c’est le fait que les différentes machines soient encore là, arrêtées, certes, et silencieuses, mais comme en suspens, comme en attente. Ces machines, je les ai perçues comme des traits d’union entre un monde passé, une ère révolue où les moulins étaient au cœur de l’activité et des vies des hommes d’ici, et nous, là, maintenant, dans le présent. Ces machines sont précieuses. Elles ont tant de choses à nous dire. Si nous avons choisi « Moulin à Paroles » comme titre pour cette soirée, c’est bien pour mettre en relief qu’il y a beaucoup de choses à dire autour du moulin. Les machines, les murs ont des histoires à nous conter, à nous transmettre. Des histoires de meuniers, des histoires d’hommes, des histoires qui disent la peine, le courage, la ténacité, les espoirs des gens d’ici. Ce moulin est précieux. Ce moulin appartient à la mémoire de ce pays. L’aspect patrimonial est indéniable. Mais quand on parle de patrimoine, il est une notion qui me tient aussi à cœur, celle de patrimoine vivant. Tant de bâtisses ou de lieux restent figés dans leur passé, momifiés en quelque sorte dans une gloire passée, dans un temps qui n’est plus. Il me semble important, quand cela est possible, de faire vivre ces patrimoines, de leur donner une nouvelle énergie, une nouvelle présence, une nouvelle utilité. Telle est notre ambition pour le moulin. De là est née l’Anille, une association pour l’étude, la défense, la sauvegarde, la restauration, l’animation et l’entretien du moulin. Si nous avons choisi « Moulin à Paroles » comme titre pour cette soirée, ce n’est pas uniquement pour faire référence au temps passé, c’est aussi pour ce que nous vous présentons aujourd’hui : des paroles silencieuses grâce aux photos de Dominique Poizat et de Sophie Martinez, des paroles contées grâce à Dominic Toutain, des paroles écrites grâce aux archives, des paroles dites grâce au concours de récitation, et puis aussi bien sûr, des paroles échangées autour d’un verre. Grâce à l’Anille, je souhaite que nous puissions nous retrouver souvent pour vous soumettre de nouveaux documents, je souhaite que nous puissions découvrir ensemble et faire découvrir les savoir-faire et les coutumes d’ici, défendre et sauvegarder le moulin, organiser des rencontres et des soirées pour animer ces lieux et même un jour, qui sait, faire tourner les machines et presser l’huile de noix… Merci à vous tous d’être venus ici ce soir, de vous être déplacés jusqu’au moulin. Merci à vous tous d’être à nos côtés pour nous aider dans l’œuvre de transmission que l’Anille entreprend. Nous avons aussi le plaisir d’avoir ce soir Antoine Pichoud, le dernier meunier du moulin. Merci infiniment, Monsieur Pichoud, d’être avec nous ce soir. Je ne voudrais pas terminer ce petit propos sans remercier chaleureusement Chantal Perret, ma belle-sœur, pour son aide précieuse et ses conseils inestimables et Céline Delerce, la championne des infographistes représentée ce soir par son frère Gauthier. 25 juin 2010 |