A l’instar de l’agriculture, l’élevage des abeilles
mellifères revêt des formes très contrastées, allant de l’apiculture
conventionnelle héritée d’un modèle mécaniste et productiviste à une apiculture
écologique portée par une vision holistique dont le rôle de l’abeille dépasse
largement la simple production de miel. Même si l’environnement joue un rôle
essentiel dans la préservation d’Apis Mellifera (et de l’ensemble des insectes
pollinisateurs), les pratiques associées à ces différentes formes d’apiculture n’en
demeurent pas moins un des facteurs déterminants du déclin que nos ruches
connaissent aujourd’hui. L’engouement du grand public pour les abeilles et la
bonne image de l’apiculture française (composée très majoritairement d’amateurs
et de pluriactifs) occultent en partie l’antagonisme de ces modes de
production, tendant notamment à marginaliser les plus durables comme
l’apiculture biologique et biodynamique.
Par ailleurs, l’apiculture urbaine est devenue ces dernières années un vrai phénomène de mode, notamment à Paris, grâce à une forte médiatisation de l'installation de ruches sur des toits et dans des jardins. Bien qu’il y ait toujours eu des ruches dans la capitale, sa densité actuelle ne permet plus la production alimentaire réalisée aux siècles passées (au même titre que la production maraîchère qui ceinturait jadis la cité). Néanmoins, la production mellifère n’est pas totalement insignifiante, notamment grâce aux arbres de Paris, la capitale comptant environ 484 000 arbres dont 300 000 dans les 2 bois qui la bordent, de 140 essences différentes. Même si le miel béton se vend très cher dans certaines boutiques chics de l’hyper centre, la plupart des ruches servent à d’autres fins. Bien qu’un certain nombre de ruchers n’ont qu’une simple
vocation apicole, voire pédagogique, beaucoup servent à communiquer,
prétexte à faire passer des messages parfois forts éloignés du monde de nos
hyménoptères. L’apiculture bénéficiant d’une image « écolo », que font
Vinci, EDF, Total, Aréva et même la coopérative InVivo qui s’est lancée
dernièrement dans la commercialisation de pesticides génériques (LAMBDASTAR®,
classé « Dangereux pour les abeilles ») en inaugurant à grand renfort de publicités des ruchers sur leurs sièges sociaux? Alors, à l’instar d’Olivier
Darné avec sa banque du miel ou encore de Michel Onfray et sa première leçon de Démocrite (écoutez ça),
faisons taire les ruches bardées d’autocollants et donnons voix aux abeilles. C’est avec cet esprit que la Mairie du 2° arrondissement de
Paris et Lalibéla ont impulsé la création d’un rucher agro-écologique sur un
toit difficilement accessible à l’espèce humaine afin de faire entendre la
petite voix d’apis mellifica: Il existe une autre manière de cultiver ces filles du soleil, durable et respectueuse de sa biologie originelle. C'est aussi l'occasion de faire émerger de nouveaux bergers d'abeilles éclairés par l'esprit de l'abbé Warré. Puissions-nous entendre le message des filles d’Aristée, pour trouver la voie de notre salut. Crédits photo: Fred Carol / Divergence |
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