Bonus Bombus


   
Le déclin des abeilles mellifères est le pissenlit qui cache la prairie. La France compte presque un millier d’espèces pollinisatrices sauvages et si seule Apis Mellifera retient l’attention, toutes sont soumises aux mêmes maux. 


    En outre, si l’efficacité de pollinisation des abeilles domestiques n’est plus à démontrer, celle des « abeilles sauvages » est tout aussi importante. En effet, même si une seule colonie d’Apis Mellifera comporte environ 10 000 butineuses en pleine saison, ces dernières n’ont pas la capacité ni même la volonté de visiter toutes les espèces de plantes entomophiles. D’une part, nos mouches à miel sont relativement sélectives, favorisant les espèces associant quantité et qualité de nectar et pollen. Par exemple, les pommiers proches d’un champ de colza seront délaissés au profit de ce dernier ou encore les poiriers auront peu de chance d’être visités si le parterre est couvert de pissenlits. C’est aussi le cas des tomates qui sont quasi exclusivement visitées par les Bourdons, au grand regret de Benjamin qui désespère de voir des « culs blancs » sur ses solanacées. D’autre part, de nombreuses espèces d’abeilles pollinisent bien plus efficacement qu'Apis Mellifera, elles butinent plus vites et par des températures plus froides comme les Osmies et les Boudons par exemple, elles transportent plus de pollen et non aggloméré comme certaines femelles d’apoïdes solitaires. Enfin, il s’avère que le maximum de fructification n’est atteint que si les fleurs sont visitées à de nombreuses reprises à la fois par des abeilles domestiques et par des abeilles sauvages.

    Alors, nous avons fait appel à Cyprien, désinsectiseur pas tout à fait comme les autres. Spécialisé dans toutes ces petites bêtes qui volent, il courre la ville au secours de citoyens apeurés par quelques hyménoptères qui ont décidé  de squatter une cheminé, un grenier ou un jardin. Cet apiculteur voltigeur, arpente les toits et dévale en rappel les corniches pour récupérer abeilles, bourdons, guêpes et frelons ou bien réalise travaux et réparations aux abords des quelques colonies sauvages qui vivent encore dans les cheminées désaffectées de nos agglomérations Parisiennes.

    Là où d’autres sortent l’arsenal chimique pour se débarrasser de ces insectes, il explique, rassure et convainc la plupart du temps de laisser tout ce petit monde en place, dans l’intérêt de la biodiversité. Mais quand l’hyménoptophobie aiguë persiste, il n’a pas besoins de la carte Vitale : il repart avec les bestioles dans le coffre de son camion rouge, tel une arche de Noé moderne qui débarquera tout ce petit monde dans son jardin.
        
        Avec son aide, nous avons donc inauguré cette année le « Bonus Bombus » d’Apicool pour parsemer de quelques boites à bombus, les serres et les champs chez Benjamin qui depuis n'a plus le bourdon.