Les 2 font l'apiaireSelon nos spécialistes apicoles, les causes de disparition des abeilles domestiques (apis mellifera) et de régression de l’entomofaune en générale seraient « multifactorielles », c'est-à-dire qu’il n’y aurait pas de cause unique mais plutôt plusieurs combinées dans un même dessein mortel : varroas, agents pathogènes, pesticides, pénurie alimentaires, pratiques apicoles, etc. Cependant, aucune étude à ce jour n’a permis de démontrer le poids relatif de ces facteurs, tant ceux-ci sont nombreux, leurs mécanismes complexes et l’équilibre des colonies fragile. Néanmoins, de nombreuses études et statistiques ont permis de corréler les taux de mortalité des colonies d’abeilles avec leur exposition aux cultures industrielles que l’on peut caractériser par ses principales pratiques agricoles : la spécialisation des zones de culture, la mécanisation des travaux agricoles, le recours aux engrais minéraux ou de synthèses et les traitements phytosanitaires (insecticides, fongicides, herbicides, etc.). Si l’utilisation de pesticides (à dose létal et sub-létal) peut sembler évidente dans notre démonstration, les deux autres pratiques le sont moins. En effet, dès les années 1950, les programmes de modernisation de l’agriculture visant à l’autonomie alimentaire de l’Europe ont transformé radicalement nos campagnes. D’abord la spécialisation agricole des territoires a dans certaines régions fait disparaître de nombreuses prairies permanentes sources d’une importante biodiversité florale, au profit de cultures faiblement diversifiées (principalement céréales et oléagineux). Ensuite la fertilisation des sols avec les engrais azotés minéraux, le développement du maïs fourrage (en association avec le soja notamment) pour nourrir les ruminants ont fait passer en désuétude légumineuses (luzernes, trèfles, lotier, etc.) et jachères, sources de nourriture et refuges de nombreuses espèces pollinisatrices. Enfin, les gains de productivité et de rendement, grâce au remembrement et à la mécanisation ont eu pour conséquence l’agrandissement significative des parcelles cultivées, faisant de fait disparaître les nombreuses haies et autres aires de biodiversité qui bordaient champ et prairies autrefois, réduisant d’autant l’habitat naturel (c'est-à-dire protection et nourriture) de nombreuses espèces. En France, la mutation de notre système agricole vers une agriculture durable et respectueuse de l’environnement et plus particulièrement de la faune pollinisatrice est encore à la peine. Les surfaces agricoles conduites en agriculture biologique restent encore marginales : 3,5% des Surfaces Agricoles Utiles françaises à fin 2011 pour 5.1% en Europe (source Agence Bio).Cette situation est en partie expliquée par la faiblesse relative des aides à la conversion malgré un accompagnement technique performant et des débouchés largement insatisfaits localement. Dans ce contexte, il nous semble essentiel de favoriser le développement de l'agriculture biologique afin de préserver efficacement notre faune pollinisatrice entre autre! Oui, car d'une part les bénéfices environnementaux et sanitaires de l'AB ne sont plus à démontrer, mais d'autre part un enjeu essentiel s'y dessine: notre alimentation! En effet, La plupart de nos plantes vivrières (en particulier les fruits, les légumes et les oléagineux) ont besoins des insectes pour se reproduire et produire (25% n'en n'auraient pas besoins, essentiellement blé, maïs et riz: triste gastronomie...). Malgré les progrès de la biogénétique, manger des pommes dépend encore de quelques hyménoptères et autres bestioles ailées, sauf pour une poignée de chinois munis de plumeaux et d'escabeaux... Notre projet consiste donc à développer et diffuser une apiculture orientée vers la pollinisation et à la conservation des abeilles mellifères dans des fermes bio, contribuant modestement à la construction d'une agriculture durable et performante. Grâce au soutien de la Fondation Léa Nature et à l'appui d'Apicool, la cuvée 2013 des "Bonus Abeilles" concrétisera deux ruchers agro-écologiques et (trans)formera deux agriculteurs bio en apiculteurs écologiques. Ainsi, Benjamin, maraîcher bio à Fonville dans la Beauce (Le Plateau Bio) et Bernard, arboriculteur en conversion biologique à Dammartin-sur-Tigeaux dans la Brie (Le Verger du Grand Morin) proposeront dès le printemps prochain une sorte de wwoofing apiaire : le gite et le couvert en échange d'un coup de main agricole! D’ici là, nous en profiterons pour compléter nos connaissances sur la sexualité des fleurs (Aaaahhh!), adapter pratiques et matériels à la pollinisation des cultures arboricoles, de plein champs et sous abris, toujours dans le respect de la biologie et des comportements naturels de l'abeille. La suite: rencontre avec les abeilles |
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