MalnutritionPar Serge Labesque © 2012
(Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici ) Pendant deux ou trois années, j'ai gardé deux colonies dans une des plus exceptionnelles propriétés du conté de Sonoma. Cette dernière fût conçue et entretenue comme le jardin d’un musée, avec de grandes sculptures soigneusement disséminées sur des hectares de jardin anglais. De vastes étendues de pelouses bien tondues, un terrain de golf et des vignes à perte de vue composaient le paysage entourant cette maison aux superlatifs, qui aurait pu être la respectable annexe de n'importe quel MOMA. Les abeilles? Et bien, elles survivaient là bon gré mal gré. L'art moderne, ça ne nourrit pas son homme. Une bonne nutrition exige d’avoir accès à suffisamment de nourriture de qualité à la composition saine, riche, équilibré et diversifiée. Cependant, une ruche ne doit pas être au bord de la famine pour être en danger, la malnutrition conduit à affaiblir la colonie et à la rendre plus susceptible aux maladies. Dans la plupart des cas, la malnutrition est l'un des principaux facteurs conduisant à l’affaiblissement ou à la perte de colonies. La vie des abeilles tourne autour de la nourriture. Elles doivent récolter nectar et pollen, qu'elles stockent, transforment et consomment, produisant ainsi des gelées très nutritives. Ajoutez un peu d'eau et vous savez à peu près tout sur leur régime alimentaire. Puisque les abeilles sont ce qu'elles mangent (tout comme nous!), le développement de leurs colonies, leur santé, force et productivité dépendent en grande partie de la nourriture qui est à leur disposition. Leur avenir dépend de ce qu'elles peuvent stocker pour leur consommation ultérieure. En ce qui concerne les abeilles, nous pouvons envisager la malnutrition comme la conséquence de disettes ou de longues périodes de météo défavorable, quand nectar et pollen sont peu ou pas disponibles pour les butineuses. Cependant, cela peut également se produire en période d'abondance apparente. Quelques exemples: Les abeilles qui pollinisent les monocultures reçoivent rarement une alimentation équilibrée. Pire encore, ce qu'elles butinent dans de telles conditions peut être contaminé par des substances toxiques; les colonies qui sont trop petites pour fournir suffisamment de butineuses peuvent souffrir de la faim en pleine miellé. Combinez de tels insuffisances et déséquilibres nutritionnels, une nourriture contaminée par des pesticides et des microbes pathogènes, une génétique inadaptée ou le stress et les abeilles les plus robustes peuvent ne pas pouvoir faire face. Quelque soit le pedigree nos abeilles, si elles sont sous-alimentées, elles ne peuvent pas aller bien et courent un risque important de souffrir de problèmes de santé. Les abeilles sentent quand la nourriture manque. Quand les sources de nourriture ne sont pas saines pour elles, elles les éviteront dans la mesure du possible. Elles peuvent refuser l'entrée de la ruche aux butineuses revenant avec des chargements nocifs. Parfois, elles ensevelissent le pollen impropre à la consommation dans de la cire. Au cours des périodes de pénurie, certaines colonies réduisent ou même arrêtent l’élevage de couvain, évitant ainsi la consommation de réserves nécessaires à sa future survie. Mais avant d'en arriver là, les faux-bourdons seront sacrifiés. Nous pouvons voir alors leurs cadavres en grand nombre, par terre devant les ruches. Le nid à couvain peut également présenter les effets de maigres approvisionnements alimentaires: Des œufs sont cannibalisés, puis les larves les plus jeunes, et enfin la plupart du couvain ouvert, mâles d'abord. Œufs et larves deviennent alors source de protéines. Ce ne sont pas des défenses infaillibles face à la famine, mais les colonies qui réagissent promptement à la détérioration des conditions environnementales s'en sortent généralement bien après quelques temps. La quantité et la qualité des réserves trouvées dans une ruche, comme leur position par rapport au couvain sont de bons indicateurs de la façon dont la colonie évoluera au cours des jours, des semaines et parfois des mois à venir. Par conséquent, prêter attention à ces indices est une part importante de la plupart des visites de ruche. Les cellules autour du couvain devraient être remplies avec du pollen et du miel; l’interruption de la construction des rayons dans une ruche peut être un autre signe de diminution de l’afflux de nourriture. Regardez également le couvain: Quand la nourriture ou les soins des nourrices manquent, les cellules des larves contiennent peu de gelée. Les petites colonies sont particulièrement exposées, car elles ne peuvent pas fournir un grand nombre de butineuses si besoins. Elles dépendent principalement de ce qui est à l'intérieur de leurs ruches. Les colonies qui sont forcées de rémérer quand la nourriture est rare ne peuvent simplement pas produire de reines viables ou de bonne qualité. Au contraire, une ruche avec une forte population d’abeilles et bien fournie en nourrices préfigure de bonnes chances d’un avenir radieux. Que pouvons-nous faire pour éviter la malnutrition de nos ruches? La disponibilité des ressources devrait toujours être prise en compte pour choisir l’emplacement d’un nouveau rucher, particulièrement pour les ruches sédentaires. Nous devrions nous assurer que le nombre de colonies situées dans les environs de notre rucher ne dépasse pas son potentiel de butinage. Si c’est le cas, les ruches doivent être déplacées dans de meilleures pâtures. Lors de la récolte, nous devrions seulement prélever le miel en surplus. Nourrir? Ca devient rapidement lassant! J'ai retiré les deux ruches de ce jardin de musée et elles se sont ensuite bien développées. C’est l’essentiel concernant l’alimentation! |