Micro récoltesPar Serge Labesque © 2012 (Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici ) L'extracteur tourne tranquillement. Mis à part le vrombissement doux de la machine, tout est calme. La pièce est chaude, parfumée d’un merveilleux arôme de miel frais. C'est la deuxième des deux petites séries de cadres que j'extrairai ce soir. Je pourrais avoir extrait tous les cadres que j'ai récoltés en une seule fois, mais comme ils provenaient de deux ruches différentes, je ne souhaitais pas mélanger des miels évidemment différents. J'avais déjà remis à lécher les cadres humides du premier lot dans la ruche qui les a produits, celle-ci se trouvant à proximité. Maintenant je peux m'asseoir et écrire un peu tandis que l'extraction se termine. La soirée ne s’éternisera donc pas. Tant que la miellé le permet et que les abeilles ont du miel en sus, il y aurait encore quelques soirées comme celle-ci durant la saison. Tout bonnement réjouissant! Extraire le miel ne fut pas toujours aussi plaisant et relaxant. J'avais l'habitude de récolter deux ou trois fois par an, conduisant les ruches le mieux que je le pouvais afin d'obtenir des hausses pleines de miel. Bien que ce fût des évènements passionnants, ces récoltes étaient source d’un dur et intense labeur. Récolter signifiait soulever de lourdes hausses, en chasser les abeilles, les charger et les décharger du camion et les empiler jusqu'au plafond. Et ce n'était que le début! Venait ensuite la préparation de la salle, les seaux, les tamis et tout l'attirail d’extraction du miel. Ce travail laborieux et pénible à désoperculer, charger et décharger l'extracteur, me conduisait jusque tard dans la nuit quand tout devenait collant et que je tombais de sommeil. Plus jamais ! Maintenant, je récolte seulement un ou 2 cadres sur quelques ruches, quand le miel qu'elles contiennent est prêt, au mieux de sa maturité et qu'il excède pour les abeilles. Mais je le fais beaucoup plus fréquemment qu’avant, tout au long de la saison. La gestion des hausses à miel devient très simple: ajouter la hausse, laisser les abeilles remplir les cadres et récolter ceux du centre un fois operculés. Un rien de temps et quelques coups de brosse suffisent pour enlever les abeilles d’un cadre de miel bien operculé. Pas de produit répulsif, pas de chasse-abeilles, pas de souffleur. Les cadres qui sont laissées sont rassemblées et les abeilles continuent à les remplir. C'est d'ailleurs très facilement fait à l'aide des cadres de partition. Les abeilles ne semblent pas s'opposer au prélèvement de ces faibles quantités de miel et continuent activement à travailler sur les cadres pas encore operculés. Le pillage n'est plus un problème parce que les récoltes sont rapides. Le temps d'enlever assez de cadres pour remplir une ruchette (c'est suffisamment lourd pour moi !), les ruches sont refermées et je suis déjà parti ou un peu plus loin à en remplir une autre. Chaque cadre que je récolte est inspecté, veillant ainsi qu’il ne contienne pas de couvain et que le miel qu'il renferme soit mûr. Cela facilite aussi l’identification de l’origine des cadres, qui peuvent être rendus après l'extraction à leurs ruches respectives. Parfois, au lieu d'utiliser l'extracteur, j'écrase simplement les rayons ou je place un cadre de miel particulièrement beau sur un support, au milieu de la table de notre salle à manger. Sa beauté nous subjugue et nous le consommons directement à la cuillère! Pour la plupart d'entre nous qui somme des apiculteurs amateurs, je ne vois aucune raison de récolter des hausses entières ou de transformer l'extraction en corvée. Faire des micro-récoltes de magnifiques cadres de miel est un délice. Et assurément sans traumatismes pour les abeilles ! |