The Monthly Extractor Vol 34 issue 3

Les petits apiculteurs à la rescousse !

Par Serge Labesque © 2012
(Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici )


  
[Le terme « petit » fait référence au nombre de colonies conduites. Malgré sa connotation rabaissante, il ne veut surtout pas dire inférieur. Je connais beaucoup d’excellents apiculteurs, par ailleurs passionnés qui ne conduisent que quelques ruches. Personnellement, je ne voie aucune offense à faire partie des apiculteurs de loisir, récréatifs amateurs ou familiale, comme sont souvent appelés les petits apiculteurs. Ces termes renvoient une connotation péjorative uniquement pour ceux qui sont plus impressionnés par la taille des exploitations apicoles que par la conduite des abeilles.]
 
Seulement un pourcent des 150 000 apiculteurs estimés des États-Unis sont professionnels. Le reste comprend les apiculteurs qui ont une ou plusieurs colonies d’abeilles pour diverses raisons et dont les niveaux de pratiques, de savoir-faire et d’engouement varient énormément. En dénombrant les colonies conduites par ces deux catégories, les proportions s’inversent, les apiculteurs professionnels détiennent plus de 90% des ruches du pays.
 
À une époque où les populations de pollinisateurs de toutes sortes sont en difficulté et en déclin, nous, apiculteurs, ferions bien de réévaluer notre interaction avec les abeilles. En effet, il est grand temps que nous nous rendions compte et assumions les responsabilités que nous avons envers l'abeille comme composante majeure de notre environnement.
 
Les méthodes que la plupart des apiculteurs professionnels utilisent dans leurs ruchers sont principalement déterminées par les lignes de résultats des tableaux de leurs comptables. Par conséquent les apiculteurs commerciaux concentrent leur attention sur leurs propres exploitations apicoles et appellent «bonnes pratiques» tout protocole de conduite de ruche qui permet de maintenir leurs colonies vivantes et assez fortes pour répondre aux demandes de leurs clients. Il est peu probable que cela change de si tôt.
 
Les apiculteurs de loisirs et ceux dont c’est une activité secondaire, ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que les professionnels. Et pourtant, beaucoup de ces soi-disant "petits apiculteurs" suivent les conseils très médiatisés des "gros". De cela, nous pouvons voir que toutes les colonies, sauf une infime fraction dans le pays sont soumises à pratiques à but lucratif. Même s’ils détiennent relativement peu de colonies, les petits apiculteurs peuvent faire une différence significative et positive pour les espèces. Mais ils ne réussiront que si ils arrêtent d’imiter les apiculteurs professionnels, et à la place optent pour des pratiques apicoles qui visent à améliorer le bien-être des abeilles. En fin de compte, tous bénéficieront de ce changement majeur.
 
Alors, pourquoi, plus précisément les petits apiculteurs représentent un grand espoir pour l'abeille mellifère, et comment peuvent-ils y arriver? Eh bien, rappelez-vous ceci: Ils sont 99%! Et ils sont partout. Ensemble, les ruchers de la multitude d’apiculteurs non-professionnels peuvent constituer un référentiel riche et diversifié du matériel génétique de l’abeille. Et tout aussi important, leurs abeilles peuvent se multiplier dans le contexte du processus de sélection naturelle. Il s’agit de poser les bases principales pour le maintien de la diversité génétique et de l'aptitude de l'espèce. Ceux qui travaillent à préserver l'identité génétique des populations d'abeilles locales dans de nombreux endroits en Europe comprennent bien cela. Certes, les humains font partie de la nature et influencent l'évolution des espèces d'abeilles. Mais, tel qu'il apparait, nous, les autoproclamés "espèce intelligente", somment plus souvent des prédateurs ou de parasites pour les abeilles que des bienfaiteurs. Si nous ne faisons pas face à ces problèmes, nous allons finalement contribuer à la disparition de nombreuses espèces de pollinisateurs.
 
Bien que de nombreux apiculteurs de loisirs manquent d'expérience, ils ont soif de conseils, et ils veulent aider les abeilles. Ils lisent et écoutent ce que les plus visibles des «experts» disent. Il s'agit notamment des apiculteurs professionnels, des éleveurs et de nombreux des scientifiques dont la carrière dépend des abeilles. C'est un cercle vicieux de désinformation qui doit être brisé. Les lecteurs réguliers de mes écrits savent sans doute où je veux en venir ici. Donc, je vais simplement réitérer les principales lignes directrices qui peuvent nous conduire à l'amélioration la condition des abeilles, car ils peuvent être mis en œuvre immédiatement par les petits apiculteurs:
 
- Accordons la priorité aux espèces plutôt qu’à nos propres ruches.
- N’interférons pas avec le processus de sélection naturelle, ce qui signifie:
• N’utilisons pas de traitement contre les parasites ou les maladies.
• Utilisons des abeilles locales uniquement. 
C'est simple, et cela fonctionne aussi bien pour les abeilles que pour nous.
 
Il est temps de comprendre que " aimer l'apiculture " n'implique pas nécessairement «aimer les abeilles", bien que les deux ne soient pas incompatibles. La prévalence de l'un sur l'autre conduit souvent les apiculteurs à suivre différentes méthodes de gestion de la ruche. Les petits apiculteurs peuvent faire beaucoup de bien en pratiquant une apiculture d’ abord et avant tout pour l'amour des abeilles.