Des divisions et autres manipulations, suite
Par Serge Labesque © (Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici )
Oh bon… Protégé de la tête aux pieds, avec mon « chapeau colonial » recouvert d’un voile zippé bien hermétiquement à ma nouvelle combinaison blanche et mes gants en cuir dont les manchettes recouvraient même mes coudes, j’étais paré pour ma toute première manipulation de ruche: la division d'une colonie d’abeilles et son transfert dans mes ruches. L’enfumoir mis à l’épreuve mes capacité d’allumage de feu pendant un moment, mais finalement dédaigna produire un peu de fumée, à contre-chœur semblait-il. Les nouvelles ruches furent installées à coté de l’ancienne, prêtes à recevoir les abeilles. Il était temps d'y aller, Serge ! Ma vigoureuse tentative pour soulever le toit de la vieille ruche resta sans résultat. C’était comme si tous les éléments avaient été collés ensemble. J'essayai vainement de séparer les éléments de la ruche avec mon lève-cadre tout neuf. Enfin je parvins à plier la tôle du toit de et à l'arracher complètement. Ensuite, j’attaquai l’élément de ruche suivant avec l'extrémité aiguisée du lève-cadre. C'était bien le couvre-cadre dont les bords partaient en lambeaux mais dont la partie centrale du panneau demeurait collée à une masse difforme que je devinai être de la « propolis ». Un opiniâtre grattage et une ferme action sur ce matériau brun foncé avec le lève-cadre firent finalement apparaître plusieurs cadres, mais toujours pas d’abeilles en vue. Persévérant dans ce laborieux travail, je parvins enfin à soulever légèrement un cadre, avec une certaine satisfaction, mais rapidement estompée par la décourageante constatation qu’il était cassé et que sa partie principale restait encore collée à l'intérieur de la hausse. La brèche créée par cette extraction grossière, me permit de voir enfin des abeilles, léchant le miel des rayons cassés par l’opération. Je fis un saut de l’autre coté de la route en tenue d’apiculteur pour ramener un seau afin de récupérer les rayons brisés. Après avoir retiré les cadres de la hausse, j’en extrayais les rayons dégoulinant de miel, sans pourvoir sortir un seul cadre en entier. Quel travail! Je suis couvert du miel. En effet, manipuler n'importe quoi avec ces gants si raides s'apparentait à utiliser une spatule pour manger des spaghettis. Tout devenait glissant et collant en même temps. Pour sûr, cela ne ressemblait pas aux illustrations soignées que j'avais vues dans mon petit livre jaune, ni même à l'idée que je me faisais de l'utilisation des cadres mobiles! A vrai dire, ça ne se passait pas comme je l'avais prévu. En attendant, les abeilles allaient et venaient, toujours dans une totale indifférence à ma intervention pour le moins destructives. C’était étonnant et quelque peu surréaliste. Après ça, je fus sérieusement ralentit par une grille à reine complètement corrodé et soudé à la ruche par des gros paquets de propolis noire. Le crépuscule approchant, je décidai de renoncer temporairement au transfert la colonie pour uniquement séparer les hausses. Après une lutte acharnée, une des veilles boites fut finalement placée sur une hausse neuve pour constituer la première ruche, équipée aussitôt d’un toit et enfin d’un plancher. Deux autres hausses constituèrent la deuxième ruche. Au crépuscule, mes nouvelles ruches étaient toujours vides. Néanmoins, j’avais le sentiment d’avoir progressé après avoir divisé cette colonie. Durant cette épreuve, les abeilles restèrent occupé et je ne subis pas une seule piqûre. Mieux encore, elles utilisèrent docilement la nouvelle entrée sans aucune hésitation. Épilogue : Je revins le lendemain pour péniblement transférer le reste des cadres dans mes nouvelles hausses, et enfin charger les ruches dans ma camionnette. Cela vaudrait bien une autre histoire et quelques rires, ne fût-ce qu'en raison de ma méthode improvisée pour emballer les ruches pour le trajet: Elles ressemblaient à des caramels géants enveloppés dans du tulle noire. Malgré sa généreuse hospitalité, les abeilles n’épargnèrent pas Ettamarie lors de l’installation des ruches sur sa ferme. Un mois plus tard, les deux colonies furent transportées de nouveau à leur emplacement définitif et à mon grand étonnement, étaient vivantes et en bon état. Depuis, les huit pots que j’avais «récoltées» lors du transfert et l’exaltation de cette première rencontre avec des abeilles m'avait transformé en amoureux éhonté du miel et des abeilles. (*) Jonathan T. illumina nos réunions apicoles de sa connaissance pratique exceptionnelle des abeilles, de l'apiculture et de son brillant esprit, jusqu'à ce qu'il annonça soudainement qu’il partait s’installer à Tahiti. Je ne peux pas mentionner Jonathan sans ajouter quelques mots au sujet de Lela Dowling, complice désopilante à l’humour également grandiose et aux talents artistiques exceptionnels. Lela est l'auteur du meilleur livre sur l'apiculture, les abeilles et les hommes que je connaisse, Uncle Buzzy’s Big Fat Book O’ Bee Cartoons. Des années après, je leur suis encore reconnaissant pour leur aide, conseils et commentaires pleins d'humour. Je leur souhaite tout le bonheur du monde. |