Emplacement de rucherPar Serge Labesque © 2012 (Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici ) La chance du débutant et la rusticité des abeilles ont voulu que les deux colonies que j'avais rapportées de la ferme d'Ettamarie (*) survécurent à leur premier hiver chez moi. Durant le printemps suivant, elles furent rejointes par plusieurs essaims que j'avais activement pourchassés partout dans la vallée de la Lune et bien au-delà à tel point que le terrain tout autour de notre maison était criblé de ruches. Le paradis des abeilles ! Enfin, non. Du moins, pas pour très longtemps. L’extase tourna rapidement à l’inquiétude quand la pénurie de nectar de cet été a commencé à montrer son implacable effet sur les colonies. Notre environnement ne pouvait simplement pas soutenir une telle concentration de ruches. Quelles étaient mes options ? Avoir moins de colonies ? Certainement pas ! Au contraire, je voulais plus d'abeilles. J'ai dû rechercher un autre emplacement de rucher. Comme je ne pratiquais pas d’apiculture transhumante, la condition la plus importante fut que le secteur autour des ruches fournisse une nutrition appropriée pour subvenir aux abeilles tout au long de l’année. En plus du pollen et du nectar, les abeilles doivent avoir accès à une eau sûre, à une protection contre les caprices de la météo et contre le vandalisme. Trouver un nouvel emplacement pour des abeilles était en apparence plus facile que je ne l’imaginais, tellement de nombreuses personnes me proposèrent spontanément un coin de leur jardin. J'en ai essayé plusieurs au cours des années suivantes, pour abandonner la plupart pour diverses raisons comme le manque de ressource mellifère, les personnes, les animaux, la distance excessive de la maison, et plus marginalement les tracteurs radiocommandés ! Ces essais m'ont également enseigné que quel que soit notre enthousiasme pour l'apiculture, il est difficile de transporter dans des endroits escarpés ruches et équipements. Par conséquent, la facilité d'accès des véhicules aux ruches était fortement souhaitable. Trouver un bon emplacement de rucher s’avérait finalement un objectif difficile. La vallée de Sonoma abrite la ferme de Oak Hill (littéralement de la Colline aux Chênes) (**), une exploitation renommée pour sa production, fruits, fleurs et son exceptionnelle conduite agronomique. Elle inclut plusieurs centaines d’hectares de prairie naturelle, de beaux vergers et des champs de cultures très diversifiées, le tout cultivé suivant les meilleures pratiques imaginables. La nutrition des abeilles ne peut pas y être meilleure. J'ai donc installé quelques ruches sur la ferme de Oak Hill. C’est durant l'été de 2001, à l’occasion du 100ième anniversaire du bureau de poste de Glen Ellen, que Cheryl rencontra le chef de culture de la ferme et lui demanda si nous pourrions apporter des ruches sur le domaine. Notre demande fut acceptée et bientôt, j'installais un rucher à la Oak Hill. Pour l’anecdote, lors de ma première rencontre avec Anne Teller, la propriétaire du lieu, j’ai dû déplacer les ruches car elles étaient trop près des chevaux. Elle me proposa un nouvel emplacement, près de la grange rouge où est vendue une grande partie de la production de la ferme, le long de deux beaux étangs bordés de quelques arbres qui dominent la ferme. C’était un bien meilleur emplacement, vraiment magnifique ! Je pus immédiatement l’imaginer : Les ruches feraient face au sud-sud-est et seraient protégées du vent du nord par les arbres. Se déployant devant nous, la végétation luxuriante promettait nectar et pollen à foison. Et je pouvais accéder en voiture jusqu'aux ruches ! De toute évidence, Anne connaissait et appréciait les abeilles. Il s’est passé dix ans depuis que j'ai installé les premières ruches à la ferme de Oak Hill. Les abeilles prospèrent dans cet environnement et j'apprécie chaque visite que je fais à la ferme. Elle est si belle. Elle est vivante. Au cours de ces années, j'ai eu l'occasion de connaître un peu mieux Anne. Chaque fois que nous nous sommes rencontrés, elle partagea avec moi une partie de ses connaissances au sujet des plantes, de la taille des arbres fruitiers (dans laquelle elle excelle), des animaux et de notre environnement. Indirectement, j'ai entendu parler du rôle crucial qu'elle joue dans la région et au-delà, d’une part au sujet de l’agence de protection de l’environnement de Sonoma dont elle et son défunt mari aidèrent au lancement dans les années 1980, mais également au sujet de leurs implications dans de traitement de problèmes écologiques. Il y a trois ans, elle accueillit gracieusement lors d’une visite de la ferme les participants de la convention de la Société d’apiculture de l’Ouest. Anne est une personne à la générosité et l'intelligence rare. Avec elle à la barre, la ferme de Oak Hill est un modèle d’agriculture à la fois responsable, durable et de conservation. Nous ne pouvons rester indifférents à un tel engagement. L’environnement de nos ruchers est d’une importance vitale pour nos colonies d'abeille. Il doit fournir nourriture et protection. Mais les personnes qui cultivent la terre peuvent être tout aussi importantes. Certaines d'entre elles, comme Anne Teller sont exceptionnelles. Peu d'apiculteurs peuvent dire que leurs propriétaires terriens surveillent attentivement leurs ruches, qu'ils s’impliquent dans les activités apicoles et qu'ils participent à améliorer notre environnement. Moi, j’ai cette chance. Merci. (*) Voir le numéro de février 2012 de ce bulletin d'information. (**)Pour plus d'information, visitez www.oakhillfarm.net. |