De bonnes résolutionsPar Serge Labesque © (Extrait librement traduit par Lalibéla, article original en anglais ici ) N’y a-t-il pas meilleur moment qu’en ce début de saison pour prendre de bonnes résolutions en apiculture? Par bonnes résolutions « apicoles » je ne veux pas parler de petits souhaits tels que « je récolterai plus de miel cette année », ou « je doublerai mon nombre de ruches ». Non, ce dont je veux parler ce sont de vraies résolutions qui nous permettent de devenir réellement de bons bergers d'abeilles, qui protègent vraiment l’espèce. Voyons donc ce que cela impliquerait.
Pour devenir un bon gardien de l’espèce, je pense que l'on doit tout d'abord considérer que les abeilles mellifères ne sont pas des animaux domestiques. Par conséquent et afin de maintenir les colonies fortes et saines, nous devons nous résoudre à respecter leur nature sauvage et nous ne devrions pas chercher à les rendre dépendantes de notre assistance. En effet, la domestication a toujours eu comme conséquence l'affaiblissement des espèces apprivoisées.
La clef d’une apiculture durable passe par ce pré-requis et réside dans cette directive simple: N'interférons pas avec le processus de sélection naturelle.
L'application de ce principe fondamental se décline en deux règles très pratiques vis-à-vis ne nos interactions avec les abeilles :
1. Ne traitons en aucune façon nos ruches contre les parasites ou les maladies.
2. Maintenons dans nos ruches uniquement des abeilles issues des espèces locales.
Une fois que nous envisageons l’apiculture dans cette perspective et en suivant ces règles simples, nous nous rendrons compte rapidement que quelques colonies ne sont pas adaptées pour survivre toutes seules. Du moins, pas dans les conditions qui environnent nos ruchers. On devrait permettre à ces colonies de disparaître, parce que protéger des ruches inadaptées contre ce qui les affecte, interfère avec le processus de sélection naturelle. Tous les traitements contre les parasites ou les maladies maintiennent artificiellement en vie les colonies que la nature détruirait et remplacerait par de plus adaptées. Ils permettent ainsi à ces colonies non viables naturellement de propager leurs gènes déficients, qui affaiblissent les populations locales d'abeille et finalement l’espèce entière. Je suis convaincu que la triste situation dans laquelle se trouvent les abeilles maintenant est due en grande partie à trop d’interventions de la part des apiculteurs.
Cela ne signifie pas que nous devrions négliger les abeilles des colonies faibles et les laisser partir à vau-l’eau. En effet, nous pouvons remplacer la variante génétique de ces colonies par celle plus forte et mieux adaptée de ces abeilles que nous pouvons fréquemment trouver dans de nos propres ruchers ou aux alentours (en remplaçant la reine de la colonie mal portante, par exemple). Pratiquer ainsi porte l'apiculture à son plus haut niveau. Cette bonne gestion du rucher apporte des résultats positifs qui peuvent rapidement se voir dans nos ruches. Le meilleur dans tout ça, c’est que cela ne peut en aucun cas nuire à l’espèce. Au contraire !
Pour continuer avec cette approche de l'apiculture, il est vraiment inutile de se focaliser sur les ruches que nous perdons, sauf à tirer autant que possible les leçons de leur disparition. Au lieu de cela, il est nécessaire de porter notre attention sur celles qui survivent. Ce sont les joyaux que nous voulons propager. Elles ont été mises à l’épreuve et ont survécu. Ces abeilles portent ainsi les gènes qui sont adaptés à nos ruchers! Nul besoins de chercher plus loin de bonnes abeilles.
La beauté de cette façon d’élever des abeilles est qu'elle nous récompense avec quelques-unes des plus généreuses récoltes de miel et avec de nombreuses nouvelles et excellentes colonies sans même en espérer autant. Mais par dessus tout, nous devenons de bons bergers d’abeilles. Nous devenons des apiculteurs auto-suffisants et nous pratiquons notre activité d’une manière qui assure un avenir durable à l'abeille mellifère. Ainsi, relisons les phrases qui sont soulignées. Elles devraient être nos résolutions apicoles de cette nouvelle année. Pratiquer l'apiculture selon ces résolutions est facile. En fait, c’est si simple et si gratifiant que, une fois que vous l’avez fait, vous vous demanderez pourquoi vous n'avez pas conduit vos ruches de cette façon avant. Tenez ces résolutions… et les abeilles pourront butiner pendant longtemps!
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