![]() Conférence d'Elios Pascual - ARGR - 13 octobre 2014
Présentation Pour notre dernière
conférence de 2014, nous avons eu le plaisir d'accueillir Elios
Pascual, ancien Directeur Général Adjoint de Renault V.I. C'est la première fois qu'un grand responsable du "camion" vient parler à un auditoire venant essentiellement de l'automobile ! Ingénieur des Arts et
Métiers et de l'ENSPM, il travaille d'abord à la SEPR (aujourd'hui partie
de Safran) pour étudier des moteurs de fusée. Compte-rendu Un compte-rendu détaillé et la vidéo de la conférence sont disponibles dans l'espace réservé aux adhérents Onglet Évènements >>> Devant une assistance toujours aussi nombreuse, notre invité Elios
Pascual, ancien DGA de RVI, a évoqué, avec humour et sans langue de bois, sa carrière dans l’industrie des « camions et bus ». Né derrière les barbelés … Son père,lieutenant de l’armée républicaine espagnole, se réfugie en France en 1939 et devient commandant dans la résistance. Elios Pascual naît en 1940 et passe sa première année en camp de concentration de réfugiés: «Quand on est né comme moi derrière les barbelés, quand on a vécu dans une famille très pauvre et subi des humiliations, on apprend à ne jamais oublier d’où l’on vient, ni ce que l’on est, à ne jamais accepter les humiliations, ne jamais se sentir inférieur». Les fusées puis le chômage après 1968 (1963-1969) Après ses études aux Arts et métiers, dont il sort major, puis à l’ENSPM (Pétroles et Moteurs), il commence sa carrière à la SEPR – Société d’Etudes de la Propulsion par Réaction - (devenue une partie de Safran) dans les moteurs de fusée cryogéniques (toujours utilisés sur Ariane). « Nous avons fait fonctionner un moteur de fusée avec des règles à calcul et des calculettes d’épicier ! ». Mais en 1969, son image politique et syndicale marquée lui fait perdre son accréditation militaire et il se retrouve au chômage. Découverte du monde de l’entreprise: la SAVIEM et la fusion avec BERLIET (1969–1976) Malgré cette réputation, il retrouve un job à la SAVIEM, à la direction des Achats, dont il deviendra directeur-adjoint en 1974. « J’ai découvert la vraie dimension d’une entreprise : clients, objectifs économiques, compromis entre les choix techniques et économiques, coopération internationale, management des hommes ». Lors de la fusion, complexe, SAVIEM – Berliet, Elios Pascual réussit celle des Achats : « Il faut dire qu’en règle générale, c’est facile de fusionner les Achats contrairement au Commercial et aux Études ». Une carrière à RVI (1978–1990) Elios Pascual y côtoie quelques patrons marquants : François Zannotti, Pierre Semerena, Philippe Gras. De cette période, il garde quelques souvenirs mémorables.1978 : Suite à l’accord de distribution de la gamme moyenne SAVIEM par Mack aux USA, il dirige le projet de mise aux normes US des camions SAVIEM. Un challenge et une réussite : les premiers camions sont livrés en 16 mois. 1979 :
Avec la direction du Marketing, il apprend le métier du commerce. Un moment
difficile : le passage à la marque Renault et l’annonce à Paul Berliet (« un
entrepreneur connaissant remarquablement le camion ») de l’abandon du nom. 1981 : Directeur de la Planification, du Produit et de la Stratégie,
il entre au comité de Direction. Une fierté : le développement du concept
novateur du Magnum (plancher plat, debout en cabine, grande visibilité,
aérodynamisme). 1983 : Pierre Semerena, qui succède à François Zannotti,
lui retire le Produit. Une « traversée du désert » fructueuse
néanmoins : « C’est là que j’ai vraiment acquis une conscience
économique ». 1984 : nommé Secrétaire Général, Elios Pascual retrouve
le Produit, et prend en charge Qualité, Informatique, Communication, Juridique.
Dans le domaine de la qualité, il est le
premier à s’opposer à la sortie d’un produit, à l’exemple de Pierre Jocou. Pour
l’informatique, son souci sera avec Jean-Paul Mériau (alors Directeur
Informatique de RVI) de la sortir de son image de secte inaccessible aux
non-initiés. Avec son aide, il aura l’occasion de « démonter » une
proposition d’externalisation (aux apparences avantageuses – un « contrat
toxique » avant l’heure) de l’informatique de RVI par une SSII. Interrogations sur l’avenir de RVI
Les ventes s’effondrent entre 1976 et 1978 (de 240 par jour à 40 par jour !) après une « bulle » de production et des recrutements inconsidérés. Il faudra réduire les effectifs de 36000 à 17000 en quelques années. Georges Besse (« Je vous aime bien, mais je n’ai pas
les moyens de vous garder ») tente de céder l’activité à GM puis Mercedes.
Sans suite. Changement de politique avec Raymond Lévy qui conserve
RVI comme monnaie d’échange dans la négociation qui se prépare avec Volvo. Le redressement de Mack Trucks (1990–1994) En 1984, RVI acquiert 44% de Mack. Cette entreprise saine s’effondre suite à une gestion calamiteuse : problèmes de qualité majeurs et de fabrication. En 1990, il faut en acheter la totalité et en prendre la direction. Raymond Lévy accepte la candidature d’Elios Pascual. La direction générale est reconstruite. Et, grâce à des négociations intelligentes avec les syndicats
aux US et au Canada, l’efficacité générale augmente, la qualité revient, l’usine
canadienne peut être fermée dans de
bonnes conditions. C’est le retour de la confiance et des clients. Un grand moment : le premier mois de gain après 58
mois consécutifs de pertes. Le personnel sera remercié par une page de
publicité originale dans les journaux : « Je ne peux pas vous donner une seule raison à
notre succès. Je peux vous en donner 5347 » et suit en double page la
liste alphabétique des 5347 employés de Mack. « Vous nous avez rendu notre
dignité ! ». Échec de l’alliance avec Volvo : retour en France (1994–1998) Il revient en France comme DGA, chargé de la Mécanique,du Produit et de la Stratégie dans une entreprise dévastée par l’échec avec Volvo : plus de plan produit, qualité en chute. Un plan d’urgence est lancé avec Shemaya Lévy : lancer
un nouveau moteur, augmenter les synergies moteurs RVI/ Mack, diminuer
l’intégration verticale, vente de l’activité boîtes de vitesse à ZF (« Un
bon souvenir : il n’y a pas eu une minute de grève ».) L’activité Cars et Bus, trop petite et trop hexagonale,
est rapprochée d’Iveco dans la joint-venture IRISBUS. L’expérience IRISBUS (1998–2003) Elios PASCUAL prend la direction d’IRISBUS. Une expérience passionnante dans cette multinationale (2800 français, 1500 italiens, 2000 tchèques, 400 espagnols, 1000 hongrois et même 2000 chinois), véritable tour de Babel, avec des gammes à fusionner et rationaliser. « Le meilleur moment de ma vie avec deux patrons
exceptionnels : Patrick Faure (RVI) et Giancarlo Boschetti (Iveco) ». En 2000, Renault cède RVI à VOLVO Trucks. IRISBUS doit réintégrer
en totalité Iveco. Elios
Pascual prend des rênes de cette entité, mais, peu après le départ de Giancarlo
Boschetti, et dans une ambiance de dé-renaultisation, il quitte IVECO Bus. « End of the story! ».
Elios Pascual est aujourd’hui consultant en Transports Publics auprès de l’Union Européenne. Il a aussi écrit un roman. Questions/ RéponsesCaractéristiques de la vente du camion Dans le camion, on vend des euros/ kilomètres (« La consommation se joue à 1 ou 2% près ! ») et de la fiabilité. Le support du réseau 24 heures sur 24 est d’une importance capitale, plus que dans l’auto. Développements techniques dans les Bus Une révolution dans le domaine du bus avec les électriques rechargeables. Important pour le bruit et la pollution dans certaines zones sensibles. La France est en retard dans ce domaine. Pollution des poids lourds Les poids lourds sont très en avance sur l’auto quant à la consommation et la pollution par tonne transportée. Les gains complémentaires sont à réaliser en aérodynamisme. Après cette conférence, très appréciée, les participants ont
pu continuer les échanges autour du pot traditionnel.
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