Le Marathon

Le Grec et Sonia et leurs baudriers "special artif" création du Maître (1978 E. Vola)

« Sonia ?

C'est un surnom bien sûr, l'héroïne du bouillant Tarasconais ne s'appelait-elle pas ainsi ? Le soir nous arrivons à Venise. S'arrêter pour visiter Venise quand les Dolomites m'attendent ? Vous plaisantez ! Nous avons aperçu une gondole et un pigeon, cela suffit. Un pigeon qui « avait pied », affirme Robert, pour démontrer la profondeur de la lagune...

Départ pour la gloire.. »

OFFICIELLES - MARATHON, LEO ... G.G.M. 1962 G.LIVANOS

Les dernières sorties officielles ont connu des fortunes diverses (formule pas trop épuisante pour l'auteur du compte-rendu) et une squelettique participation. Bien sûr, il y a le ski, la chasse à la gamine ou les solitaireries de certains (Pépé, je ne vous en dit pas plus ...) mais les choses tant ce qu'elles sont, elles ne sont pas ce qu'elles devraient être, comme dirait un personnage célèbre.

Je passe rapidement, on de tardera par à comprendre pourquoi, sur le 14 janvier à la Bougie : une impressionnante cohorte dans la Magol, Michet QUET et son copain dans la face Est, cependant que la présidence devait à une corde magiquement descendue des cieux, par l'intermédiaire de notre helvète à la toiture sinistrée (monté par la voie normale) de s'extraire d'une fissure .... côté IV il y a quelques dix ans ! Et le Marathon se profilait à l'horizon, un petit mois nous en séparait, un petit mois à peine pour effacer cette tâche sur un blason que l'on s'applique à polir sans cesse (trop poli ... etc ...)

C''est alors que survint Léo. Présentation, invitation, participation, admission, Léo grimpait, Léo fonçait, imperturbable. Capitonné, allant partout, jusqu'où irait Léo ? Existait-il une paroi, un mur assez lisse ou vertical pour l'arrêter ? Il existait ce mur, et pas bien loin. Où ? Vous le saurez tout à l'heure ! ça c'est du suspense, hein ?

Ce fameux Marathon avait été fixé au 18 Février, quand soudain la bombe éclate, Tostinesque et à retardement : la corrida est reportée au 25 ! Le nez de Cléopâtre avait déjà fait des ravages, celui de la sœur de Suzon (Madame BESSON pour quelques dangereux primaires) devait nous faire louper le Marathon, puisque c'est à cause des fiançailles de cette personne, que nous espérons charmante, que l'event de la season s'est trouvé bouleversé. Comment ? Re-suspense ... Car avant, se situe l'ère pre-marathonienne donc, faite de galops d'une voie à l'autre, de passages bâclés, de relais optimistes et de rappels que l'on retire en même temps qu'on les descend, ambiance qui aurait évoqué la "grande époque" pour notre Roro international (GABRIEL pour quelques sous-ignares matinés de culs-terreux). En cette ère pré-marathonienne donc, grâce à l'habile collaboration des équipes Breton-Firmin-Lucien-Léo et Grec-Sonia-Marcus-Baffo, le 11 février,le premier quatuor parcourait deux des éperons de la Galère, quand au second, il faisait les trois en sept heures effectives.

Le dimanche suivant voyait la tornade s'abattre sur En-Vau. En l'absence de Sonia, le deuxième quatuor ressemblait fort à un trio qui, en huit heures trente et des chandelles et de piques, y compris les haltes au stand de ravitaillement pour laisser refroidir les vibrams, effectuait :

  • - Save intégrale, Sans-soucis intégrale, Pilier de la passerelle et Super Sirène.

Le premier quatuor avait fait de même, remplaçant le Pilier de la Passerelle par La Saphir ... et pendant ce temps Tostin banquetait, et nous l'imaginions : nouant sa cravate alors que nous sortions de la Save, louchant vers les hors d'œuvre quand nous émergions de la Sans-Soucis, finissant la volaille et le Bourgogne en même temps que nous le Pilier de la Passerelle, et se mettant bravement à la plonge au moment ou, tels des Vanguard de la meilleure cuvée, nous jaillissions de la Super-Sirène, sacs au dos puisque nous avions déclaré que c'était là le seul chemin décent pour rentrer à la pizzéria.

Baffo devant (1ère au Renard 1970 E.Vola)

C'est que le Marathon devait être clôturé par une pizza générale et il ne fallait pas que Monsieur du Médoc profite de ses agapes familiales pour acquérir, sur un terrain qui lui est cher, l'entrainement qu'il n'aurait pas sur l'autre. Ainsi les troupes de choc étaient prêtes, archi-prêtes, et elles attendaient le jour J avec le calme inébranlable que confère l'invincibilité.

Le 25 février, le style grande course est à l'honneur : réveil à trois, départ à quatre, arrivée à six au pied su socle ... et attente jusqu'au lever du jour (pas si bête celui-là). En cette aube blême, comme toute aube qui se respecte, le Canaveral marseillais s'apprête au grand envol : la première Vanguard sous le couloir du Temple, celle de la Présidence au pied du Temple en compagnie d'une fusée légère (Dany-Tostin) et d'une fusée à carburant liquide, Quet et son copain, orientée sur le couloir en Y.

Le count-down s'achève : "Go !". Dès le départ, la fusée légère a des ennuis :premier étage qui ne se détache pas, tête chercheuse .... La Vanguard présidentielle est pointée sur une nouvelle trajectoire : l'éperon du Temple. Eclair hallucinant, vacarme apocalyptique, au deuxième relais la fusée légère est dépassée : la route du cosmos, via la Candelle est ouverte !

Le pied au plancher, à la pensée que ça doit cracher des flammes dans le couloir du Temple, nous évitons le dernier ressaut (nous avions, modestement, encore quatre voies au programme ...) pour ne pas perdre le contact avec l'équipe qui doit pitonner la Buisson. "Hélas x 3", comme dirait Danielle, une carburation défectueuse a retardé la première escadre de Candellonautes, si bien que lorsque nous débouchons (pas du Médoc ...) sur les terrasses, les autres viennent à peine d'en faire autant ; de plus, à présent, ils sont cinq, Brioche étant monté en marche ! Et le temps se couvre, un vent glacial se lève et Marcus et Baffo qui ne donnent plus signe d'existence ! Le Marathon tourne mal, très mal ! Et dire qu'il faisait beau le Dimanche précédent ... Ah ! On la retient la soeur de Suzon !

Halte monumentale pour laisser démarrer tout le monde et attendre Marcus-Baffo (ce dernier toujours soucieux de son matériel, vient de voir son baudrier égrener tous les clous dans le couloir de sortie ...)

Halte pyramidale au pied de la dalle de la Bouisson tandis que la fusée légère apparait au bord des terrasses et que la Présidence commence à écumer. La pression monte, la Présidence explose, se rue dans la dalle, s'infiltre dans les cordées précédentes, marche sur les uns, bouscule les autres, se tire aux cordes et organise une des plus belles pagailles du siècle qui a pour effet de chasser l'avant-garde vers le sommet. Un sommet balayé par un vent de plus en plus hostile et porteur des premières gouttes de pluie : "Où va-t-on maintenant, Grec ? - Où on va ? A la MAISON !".

La descente de l'arête de Cassis abandonnée, un regroupement morne et général a lieu au col de la Candelle ... ça sent le désastre ! Soudain, coup de Jarnakos ! Les quatre étages de la Vanguard présidentielle plongent vers la Concave ! Ce fougueux exemple ne sera pas suivi, l'arête du saut du Chat suffira aux rescapés, quand à la fusée liquide, elle fera une tentative méritoire mais sans succès dans la voie de la Flemme. Ainsi seules les cordées élyséennes auront réalisées le Marathon, dans sa formule minimum, il est vrai, selon la définition énoncée dans le précédent bulletin.

Retour sous la pluie, retrouvailles des épouses, amis et amies ... il ne manquait que la sœur de Suzon ! Pizza et re-pizza, le rosé ruissèle, la température s'élève (le prix des saucisses également) et la tournée du secrétaire général, très appréciée, apporte un point, hélas final, à ce Marathon 62.