GGM - l'histoire

Marc Guiot

      Lettre à entête du GGM                                                      

Le 22 Novembre 1953, la première sortie du GGM avait lieu à la face Nord des Lames aux Goudes. Voici donc l'histoire du très célèbre "Groupe des Grimpeurs Marseillais".

Au début de cette année 1953, plusieurs grimpeurs issus de différents clubs marseillais : AN (Amis de la Nature) ; EM (Excursionnistes Marseillais) ; CAF (Club Alpin Français) ; MAFFIA (Dissidents locaux) ... ayant liés connaissance, décidèrent de se réunir afin de ne former qu'un groupe unique : le GGM  Celui-ci devait être composé des meilleurs escaladeurs "Marseillais" du moment ; les statuts de l'association le précisaient clairement dans la première ligne de son premier paragraphe : "Être Marseillais". Les réunions (bar) et les sorties (collectives) réunissaient régulièrement une vingtaine de participants formant chaque dimanche un drôle d'escadron motorisé.

Le Grec, Sonia et le Tueur (Robert Gabriel) étaient les chefs de file de ce petit comité restreint de la fine fleur de la grimpe marseillaise.

Des premières et de  nombreuses voies furent réussies dans les Calanques : toit de Garrigou par la droite, voie de la Victoire aux Goudes, Tostine, Brioche à En Vau ; ainsi qu'à Bartagne : le super pilier, la Pépé. On a répété surtout les voies du Grec ouvertes peu de temps auparavant : directe de 52, Guillotine aux Goudes ; voie de l'Ecaille à la Mounine ; directe de la Momie à Sormiou ; éperon sud-ouest du Temple au Socle ; Centrale et couloir suspendu à la Candelle ; directe de la Siray et Super Calanque à En Vau etc...

L'activité du groupe, extra Calanques, était aussi florissante. Vercors, Dolomites (rappelez-vous la Su Alto), Alpes. "Plusieurs cordées du GGM étaient les seules de Marseille à parcourir des courses de classe internationales".

 Autour de la cordée "Grec, Sonia, Gabriel" s'était rassemblée une pléiade de grimpeurs "marseillais" de haut niveau ayant la même passion verticale. Voici quelques noms et surnoms de la fameuse équipe :

Georges Livanos (le Grec) et Madame (Sonia), Robert Gabriel (le Tueur), 

celui-ci remplacé après son arrêt en 1956 par Marc Vaucher (Marcus ou Vinaigre ou le faux Suisse) au sein de la célèbre cordée.

Robert Lebatard (Le Breton), Roger Lepage (Baffo), Yves Besson (Tostin), Charles Beau, Sauveur Hérail, Charles Leynau (la Maffia), Gilles Guiot, Laurent Rey (Brioche), Dany revest, Lucien Joulia, Albert Ouannon (Pépé), Robert Carcelli, Alphonse Santimone (Fonfon), Jean Gabriel (Bajanne), Roger Roullet, Lucien Bianchi, Roger Couttier, Lucien Cerciello et je pense ne pas en avoir oublié, formaient "le gros de la troupe".

Au cours des deux premières années, le GGM L'esprit de compétition trop poussé ou, sans doute mal compris, avait nui à tout recrutement. Bref, la sonnette d'alarme était tirée et le restera pendant deux ans. Le G.G.M. prospéra et enfonça ses clous dans la grande histoire de l'alpinisme. Mais, petit à petit, l'enthousiasme du groupe s'essouffla et celui-ci allait tranquillement vers sa disparition.

Doigt de Dieu 1959

    C'est alors qu'en Octobre 1960, un appel au ralliement était lancé par un des membres. Le GGM renaissait de ses cendres et la descendance était assurée. "Un groupe de camarades pratiquant l'escalade et l'alpinisme d'une manière aussi régulière que le permettent nos occupations". Voici donc le nouveau slogan.

Le GGM allait reprendre sa place au "box office" de l'alpinisme international, et maintenant c'est du sérieux. Le premier bulletin trimestriel parait au début de l'année 1961 et les statuts restent inchangés : "être Marseillais". Le Grec s'installe à la présidence, secondé par un secrétaire, entouré d'un trésorier et autres responsables divers. Le recrutement pouvait reprendre.

Eric Vola, Jacques Brès, Jean-Claude Saurrin, Pierre Favart, André Tête, Robert Romanetti (le Bandit), Jean-Pierre Lantheaume, Robert Varèse, Jacques Midoz, Robert Pons, Robert Rodriguez, Michel Quet, Gilles Cohen (Grignotin) regonflèrent les rangs du célèbre groupe.

 Petite note technique : la cotisation était alors de 5 nouveaux francs et de 3 nouveaux francs pour les étudiants et militaires, l'insigne coutait 4,50 nouveaux francs.

C'était reparti comme en 53 et plutôt bien même. La saison 1962, par exemple, verra quelques belles réalisations chez les jeunes et.... les moins jeunes. "Je ne décrirais pas des listes de courses où l'on trouve pèle mêle des Walker, des Drus, des Capucins, des Fous, des Dolomites. Le "tableau d'honneur" revenait cette année là à Eric Vola".

Ce petit historique des méfaits du GGM serait incomplet sans parler du "Banquet des Survivants", organisé une fois par an après l'été, à la fin de chaque saison (montagne, Dolomites etc...), réunissant tous les membres actifs (donc survivants) du groupe. En fait, "c'était une date sans importance pour le commun des mortels mais qui en avait une pour les habitants et surtout le propriétaire des lieux où se déroulait la soirée. Et c'est peu dire. Jamais le menu n'a pu être terminé. Telle année, arrêté à la charcuterie, l'année suivante au milieu de l'entrée, les desserts ne servant régulièrement que de projectiles. Il s'y mêlait également des exploits bibliques : l'étagère aux apéritifs transformée en traversée en V+, bavaroise entre la cheminée et le chaudron à confitures, tapis de flans remplaçant la moquette. En prévision, tenue de banquet obligatoire c'est à dire la salopette ou le bleu de mécanicien fermant bien au cou". En général, cela se terminait par l'exclusion définitive et il fallait trouver un nouvel endroit l'année suivante.

Mais (deuxième "mais" de l'histoire), après quelques années de bons et loyaux services, la sonnette d'alarme était tirée une nouvelle fois. Le groupe s'effritait peu à peu et un petit nombre continuait à escalader régulièrement. Le GGM allait vers sa deuxième disparition. Manque d'enthousiasme, esprit de compétition trop poussé ou mal compris, contraintes diverses : travail, famille, évolution de l'alpinisme en ce début d'année 1960. Autant de conditions nuisibles à la bonne évolution d'un groupe.    

Le GGM était définitivement dissout en Novembre 1969. Seul le Breton, Marcus, Jacques Brès ainsi que Pierre Favart (président du CAF d'Aubagne) continuent à sortir régulièrement. Quant à "l'illustrissimo", celui-ci s'est retranché dans ses appartements et, "coups de barres et violons" à l'appui, contemple et critique tout ce qui passe à sa portée.

Aussi en guise de conclusion, je pense qu'il n'est pas mauvais de rappeler "que de même qu'il existe une différence entre une ED de 200 m et une TD de 1 000 m, il en existe une également entre les voies que l'on fait :

En premier,

En premier parfois second

En second parfois second

En second jamais premier

En second de la première cordée

En premier de la seconde cordée

      etc.... ça peut durer longtemps. Réfléchissez ça peut servir

      (Cf bulletin du GGM 3ème trimestre 1962 - Georges Livanos)

Le vendredi 8 juin 1990, la première assemblée générale du nouveau GGM avait lieu à Callelongue...... à suivre.

note : ce récit est partiellement inspiré des bulletins du G.G.M. des années 1961 et 1962           

Les Statuts du GGM

Les écrits du GGM :

du Grec :                    

Le président ! (col. livanos)

des camarades du Grec :

Ci-après, Photos et légendes de Marc Guiot - 1989, une des dernières sorties du Grec avec le GGM

Le Grec, Sonia, Marc Vaucher, Baffo, Le Tueur, Odette Le Breton, Annie Lepage,  Dany Revest et sa femme, la femme du Tueur et Charles Beau. De dos, Pierre Favart (Marc Guiot)

"A gauche jouant la mouche du coche, arrangant la foule, l'innérarable Le Breton" face à lui, la femme du Tueur, Rosy la femme de Charles Beau, Charles Beau, à sa droite Dany Revest, Odette Le Breton, Annie Lepage, Robert Carcelli (en T-shirt blanc), Roger Roullet et peut-être L. Bianchi en partie caché par Sonia. Avec mon père on est derrière, on apparait sur une autre photo, je pense que c'est ma mère qui à fait ces photos. c'était à Morgiou au dessus du port, je crois qu'on avait grimpé au Renard." (M. Guiot)

A côté de Marcus, c'est moi en beaucoup plus jeune, et un quidam qui passait par là. Ça ressemble au col de Bartagne. Pour plus de précision il ne reste plus que le carbone 14.  (M Guiot)

à suivre

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