Corrigé examen régional de Meknès 2011

TEXTE :

- Malheur! Malheur! Etre abandonnée de son mari et vivre avec un fils affublé d'une tête de mule est un si triste sort qu'on n'oserait pas le souhaiter à son ennemi. (...) Dieu! Écoute mes pleurs! Exauce mes prières.

La porte du ciel devait être grande ouverte.

Zineb, partie faire une commission, revint tout essoufflée. Tout le monde l'entendit crier de la ruelle.

- Mère Zoubida! Mère Zoubida! Je t'apporte une bonne nouvelle, une bonne nouvelle !

Une bonne nouvelle ?

Ma mère s'arrêta de vitupérer contre moi. Zineb, suffoquée par l'émotion se planta au milieu du patio, tenta sans y parvenir d'expliquer ce dont il s'agissait. Personne ne comprit le motif de son excitation. Les femmes avaient abandonné leur ouvrage. Elles regardaient qui par une lucarne, qui par une fenêtre, Zineb gesticuler au milieu de la cour. Je quittai ma cachette. Zineb s'immobilisa épuisée. Toutes les femmes se mirent à l'interroger. Elle releva la tête en direction de notre chambre et parvint à dire enfin :

- J'ai vu dans la rue... le Maâlem... Abdeslem!

Un silence incrédule accueillit cette déclaration.

Rahma le rompit :

- Que racontes-tu, petite menteuse?

- J'ai vu Ba Abdeslem, non loin du marchand de farine, près de la mosquée du bigaradier. Il tient deux poulets à la main. ( ...)

Kanza de sa chambre dit :

-Si ce que raconte Zineb est vrai, nous en sommes toutes très heureuses et nous souhaitons au Maâlem Abdeslem bon retour.

Ma mère ne disait rien. Elle me rejoignit dans notre chambre et restait au milieu de la pièce les bras ballants. Elle avait quitté la terre, elle nageait dans la joie au point de perdre l'usage de sa langue.

Je me précipitai vers l'escalier. Je ne savais pas au juste où je me dirigeais. J'avais parcouru une dizaine de marches lorsque la voix de mon père monta du rez-de-chaussée.

-N'y a-t-il personne, puis-je passer?

Le timbre n'en avait pas changé.

- Passe, Maâlem Abdeslem. Aujourd'hui est un jour béni. Dieu t'a rendu aux tiens, qu'il en soit loué, répondit Kanza la voyante.

- Dieu te comble de ses bénédictions, dit mon père.

Je rebroussai chemin. Je voulais le voir entrer dans la chambre. L'escalier me paraissait un lieu sombre, il n'était nullement indiqué pour revoir mon père au retour d'un aussi long voyage. Ma mère n'avait pas bougé. Elle me parut un peu souffrante. Moi-même, je ne me sentais plus très bien. Mon front se couvrit de gouttelettes froides et mes mains tremblaient légèrement. Le pas pesant de mon père résonnait toujours dans l'escalier. Une ombre obscurcit la porte de notre chambre. Mon père entra.

Extrait de « La Boîte à Merveilles » d'Ahmed Sefrioui

QUESTIONS

I. ÉTUDE DE TEXTE (10 pts)

Relisez le texte et répondez aux questions suivantes :

1) Ahmed Sefrioui est un écrivain marocain d'expression française.

Quand et où est-il né ? (0,25 x 2)

- Ahmed Sefrioui est né en 1915 à Fès.

Citez une de ses œuvres (autre que « La Boîte à Merveilles ». (0,25).

-« Le Chapelet d'ambre ».

Quand est-il mort ? (0,25).

- Ahmed Sefrioui est mort en 2004.

Pour répondre, vous pouvez choisir parmi les informations suivantes : 1905, 1915, 1984, 2004, à Fès, à Oujda, « Le Chapelet d'ambre », « Partir ». 1 pt

2) a) « La Boîte à Merveilles » est-elle une œuvre autobiographique ? (Question mal formulée et qui peut entraîner une confusion)

- « La Boîte à merveilles » est un roman autobiographique et non une autobiographie.

b) Pourquoi ? (0,5 x 2) 1 pt

- Car le « je » dans le récit renvoie au narrateur Sidi Mohammed et non à l’auteur Ahmed Sefrioui.

3) D'après votre lecture de l’œuvre, pourquoi le mari de Zoubida a-t-il quitté sa famille ? 1 pt

- Le mari de Zoubida a quitté sa famille parce qu’il a perdu son argent et il est allé travailler dans les environs de Fès comme moissonneur.

4) D'après votre lecture de l'œuvre, pourquoi Sidi Mohamed s'est-il caché ? 0,5 pt (

(Je me demande comment l’élève peut-il répondre à cette question ? Le fait de se cacher ne constitue pas un événement si important pour que l’élève puisse le retenir.)

- Sidi Mohammed s’est caché car il ne voulait pas aller au Msid.

5) a) Relevez dans le texte quatre termes appartenant au champ lexical d'une habitation. (0,5x4)

-Patio, lucarne, fenêtre, cour, chambre, escalier, rez-de-chaussée, porte, pièce, marches

b) Où se passe la scène ? 0,5 pt

- La scène se passe à Dar Chouafa.

6) Quelle nouvelle Zineb a-t-elle apportée à Zoubida ? 0,5 pt

- Le retour de Maâlem Abdeslem, l’époux de Zoubida.

7) Dans le texte, dégagez :

-Deux sentiments éprouvés par le narrateur. (Le sentiment de la peur doit être écarté puisqu’il n’y a aucun indice dans le texte(le passage) qui peut le confirmer.)

- La joie et (la fièvre, la surexcitation, l’excitation, l’émoi, l’agitation, l’exaltation, l’extase)

-Deux sentiments éprouvés par sa mère.

- La colère et (la joie, la fièvre, l’émoi, la stupéfaction, l’émotion, la stupeur)

Qu'est-ce qui est à l'origine de chacun des sentiments éprouvés ? 2 pts

- L’origine des deux sentiments pour le narrateur : C’est le retour de son père.

- L’origine de la colère de la mère : La cachette de Sidi Mohammed et son refus de répondre à sa mère.

- L’origine de la joie et de la fièvre de la mère, c’est le retour de son mari.

8) Dégagez un trait de caractère de Maâlem Abdeslem dans cet extrait. 0,5 pt

- Poli, courtois, respectueux, aimable

9) a) Découpez le texte en deux parties. (Je ne vois pas l’intérêt de ce type de question d’autant plus que dans les éléments de réponse on demande d’accepter tout découpage proposé !)

- Première partie : Du début du texte à « La porte du ciel devait être grande ouverte. »

- Seconde partie : De « Zineb, partie faire une commission…. » À la fin de l’extrait.

b) Donnez un titre à chacune d'elles. 1 pt

-Titre pour la première partie : La colère de la mère.

- Titre pour la seconde partie : L’annonce du retour du père.

10) Comment trouvez-vous la mère du narrateur dans cet extrait? 1 pt

- Je trouve que la mère est très nerveuse et se met facilement en colère contre son fils à cause de la longue absence de son mari.

corrigemeknes_2011.pdf