Correction examen régional de Casa 2010

Texte :

Elle (ma mère) tira de sa robe une chaînette de cuivre rongée de vert-de-gris et me la tendit : — Ajoute ceci à tes merveilles, me dit-elle.

La chaînette délicatement travaillée absorba mon attention. Je la contemplai longtemps. Je décidai de la nettoyer. Je savais transformer le cuivre, cette vile matière, en or pur. Je sortis sur le palier. Dans une boîte de conserves cabossée, je découvris du sable fin qui servait au nettoyage des tables rondes et des plateaux à thé. Je m'attelai à l'ouvrage activement. J'en avais mal aux doigts quand le résultat attendu parut à mes yeux. J'effectuai de nombreux rinçages dans un seau d'eau noirâtre où nageait un petit balai de doum.

Ma chaîne se changea en bijou d'or. Je l'enroulai autour de mon poignet pour en admirer l'effet : je la tenais par les deux bouts, me l'appliquais sur la poitrine, sur le front, je m'en faisais un bracelet. Je sortis ma Boîte. J'étalai toutes mes richesses sur une couverture.

Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais seul le secret, se muèrent en joyaux.

Absorbé dans la contemplation de mes trésors, je n'avais pas vu entrer le chat de Zineb. Il ronronna tout contre moi. Je ne le craignais pas. Je décidai de l'associer à ma joie, de lui ouvrir les portes de mon univers. Il s'intéressa gravement à mes discours, allongea la patte pour toucher mon cabochon de verre taillé, regarda avec étonnement ma chaîne d'or. Je lui en fis un collier. Il se montra d'abord tout fier. Il essaya ensuite de l'arracher. Elle ne céda pas à ses coups de griffes. Il se mit en colère ; s'affola et partit en flèche, la queue hérissée, les yeux dilatés d'inquiétude. Je courus derrière lui pour récupérer mon bien. Le maudit chat resta sourd à mes appels. Il ne voulait rien avoir de commun avec moi, il grimpait les marches de l'escalier, crachait des menaces.

J'alertai ma mère, demandai secours à Fatma Bziouya, à Rahma et même à mon ennemie Zineb, la propriétaire de ce démon quadrupède. Tout le monde se précipita sur la terrasse mais le chat, ne sachant pas pourquoi on le poursuivait, s'usait les griffes à grimper le long d'un mur d'une hauteur vertigineuse. J'étais furieux contre le chat. Les femmes essayèrent de me consoler.

- Il reviendra ce soir, Zineb te rendra ta chaîne.

Zineb! Zineb! C'était elle qui l'avait chargé de venir se frotter contre moi, abuser de ma gentillesse et me voler mon plus beau bijou. Je suffoquais de colère et d'indignation. Ma rage se déchaîna ; je me précipitai sur Zineb. Je lui enfonçai les ongles dans les joues, lui arrachai les cheveux par touffes, lui envoyai de formidables coups de pieds dans le ventre. Elle se défendit, la brute, avec violence, me tira les oreilles, me renversa par terre, me marcha sur la poitrine. Les femmes criaient, essayaient de nous séparer et recevaient des coups de poing et des coups de tête des deux adversaires.

Enfin, ma mère réussit à me maîtriser. Elle m'amena dans la chambre, me plongea la tête dans un seau d'eau, m'essuya le visage avec un torchon et m'intima l'ordre de me coucher

La poitrine encore secouée de sanglots, je m'endormis presque immédiatement.

ÉTUDE DE TEXTE, 10 points :

1. Recopiez et complétez le tableau suivant : 1 point

2. Situez le passage par rapport à ce qui précède. 1 point

-Le narrateur est très troublé après la mort de Sidi Mohammed ben Tahar, le coiffeur. Dans son délire sa boîte à merveilles se métamorphose en cercueil. Sa mère très inquiète lui fait un cadeau.

3. « Ajoute ceci à tes merveilles » dit la mère

a- De quelles merveilles s'agit-il ?

-Il s’agit d’objets ordinaires : une chaînette, des clous, un cabochon en verre, des boutons, des anneaux de cuivre…

b- Que représentent-elles pour l'enfant ? 1 point

-Ces merveilles sont ses vrais amis, ses richesses…

4. Sidi Mohammed attribue au chat trois sentiments. Nommez-les. 1 point

-L’étonnement, la colère, l’affolement, la fierté, l’inquiétude.

5. Comment l'enfant interprète-t-il la fuite du chat ? 1 point

-L’enfant interprète la fuite du chat comme une réaction de colère vis-à-vis de lui :

- « Il ne voulait rien avoir de commun avec moi, il grimpait les marches de l'escalier, crachait des menaces ».

6. Relevez deux indices qui montrent que l'enfant caractérise le chat de manière négative. 1 point

1- Le maudit chat.

2- Ce démon quadrupède.

7. Les deux enfants échangent des coups avec la même violence. Relevez les deux phrases qui le montrent. 1 point

1-« Je lui enfonçai les ongles dans les joues, lui arrachai les cheveux par touffes, lui envoyai de formidables coups de pieds dans le ventre ».

2-« Elle se défendit, la brute, avec violence, me tira les oreilles, me renversa par terre, me marcha sur la poitrine ».

8. « Le chat...s'usait les griffes à grimper le long d'un mur d'une hauteur vertigineuse. » Nommez la figure de style contenue dans cet énoncé. 1 point

-Une hyperbole.

9. Quelle réaction du chat cette figure de style traduit-elle ? 1 point

-Cette figure de style traduit l’acharnement du chat et sa détermination à fuir la maison.

10. D'après votre lecture de l'œuvre, la réaction de Sidi Mohammed dans ce passage correspond-elle à son caractère et à ses habitudes ? Justifiez votre réponse. 1 point

-Non, cette réaction ne correspond pas à son caractère : Pensif et calme, il vit souvent dans le rêve et cherche à s’évader du monde réel.

-Même si cette réaction ne correspond pas à son caractère, Sidi Mohammed n’aimait pas Zineb et il s’était déjà disputé avec elle.

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