Correction examen régional de Tanger 2014

Puisque le jour ne paraît pas encore, que faire de la nuit ? Il m’est venu une idée. Je me suis levé et j’ai promené ma lampe sur les quatre murs de ma cellule. Ils sont couverts d’écritures, de dessins, de figures bizarres, de noms qui se mêlent et s’effacent les uns les autres. Il semble que chaque condamné ait voulu laisser trace, ici du moins. C’est du crayon, de la craie, du charbon, des lettres noires, blanches, grises, souvent de profondes entailles dans la pierre, ça et là des caractères rouillés qu’on dirait écrits avec du sang. Certes, si j’avais l’esprit plus libre, je prendrais intérêt à ce livre étrange qui se développe page à page à mes yeux sur chaque pierre de ce cachot. J’aimerais à recomposer un tout de ces fragments de pensée, épars sur la dalle ; à retrouver chaque homme sous chaque nom ; à rendre le sens et la vie à ces inscriptions mutilées, à ces phrases démembrées, à ces mots tronqués, corps sans tête, comme ceux qui les ont écrits.

À la hauteur de mon chevet, il y a deux cœurs enflammés, percés d’une flèche, et au-dessus : Amour pour la vie. Le malheureux ne prenait pas un long engagement.

À côté, une espèce de chapeau à trois cornes avec une petite figure grossièrement dessinée au-dessus, et ces mots : Vive l’empereur ! 1824.

Encore des cœurs enflammés, avec cette inscription, caractéristique dans une prison : J’aime et j’adore Mathieu Danvin. JACQUES1.

Sur le mur opposé on lit ce mot : Papavoine2. Le P majuscule est brodé d’arabesques et enjolivé avec soin.

Un couplet d’une chanson obscène.

Un bonnet de liberté sculpté assez profondément dans la pierre, avec ceci dessous :

– Bories3. – La République. C’était un des quatre sous-officiers de La Rochelle. Pauvre jeune homme ! Que leurs prétendues nécessitées politiques sont hideuses ! Pour une idée, pour une rêverie, pour une abstraction, cette horrible réalité qu’on appelle la guillotine ! Et moi qui me plaignais, moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang !

1. Exécuté pour crime de mœurs.

2. Criminel guillotiné en 1821.

3. Emprisonné pour ses idées et exécuté en 1822.

Lisez attentivement le texte et répondez aux questions suivantes :

1) a) De quelle œuvre le texte est-il extrait ?

-Le dernier jour d’un condamné.

b) À quel genre littéraire appartient-elle ?

-Un roman à thèse.

c) Qui en est l’auteur ?

-Victor Hugo.

d) Citez un autre roman du même auteur. (0,25 pt x 4)

-Les misérables / Les contemplations / Notre-Dame de Paris, …

2) Pour situer le texte dans l’œuvre, répondez à ces questions : (0,5 pt x 2)

a) Quel est le nom de la prison où se trouve le narrateur ?

-Bicêtre

b) Qu’a-t-il décidé d’écrire dans l’attente de son exécution ?

-Il a décidé d’écrire un journal.

-Il a décidé d’écrire le journal de ses souffrances.

3) a) À quel moment de la journée se passent les événements évoqués dans le texte ? (0,5 pt x 2)

-Ces événements se passent la nuit (à l’aube).

b) Justifiez votre réponse par un énoncé du texte.

-« Puisque le jour ne paraît pas encore, que faire de la nuit ? »

4) Que découvre le narrateur sur les murs de sa cellule ? (Relevez du texte quatre éléments). (0,25 pt x 4)

-Écritures / dessins / figures / noms / inscriptions …

5) Dans le dernier paragraphe du texte, le narrateur avoue avoir commis un acte grave. Lequel ? (1 pt)

-Il a commis un véritable crime.

-Il a versé du sang.

-Il a commis un crime de sang.

6) « Ces fragments de pensée, épars sur la dalle. » (1 pt)

Le mot souligné dans cet énoncé signifie :

- écrits sur la dalle. - dispersés sur la dalle. - gravés sur la dalle

Recopiez la bonne réponse.

-Dispersés sur la dalle

7) « J’aimerais à recomposer un tout de ces fragments de pensée »

a) Dans cet énoncé, quel est le sentiment exprimé par le narrateur ? (0,5 pt)

-Le souhait.

b) Quel est le moyen utilisé pour exprimer ce sentiment ? (0,25 pt x 2)

-Le verbe « aimer » au conditionnel présent.

8) « Cette horrible réalité qu’on appelle la guillotine » (1 pt)

La figure de style employée dans le segment souligné est :

-Une métaphore. -Une métonymie. -Une hyperbole

Recopiez la bonne réponse.

-Une hyperbole

9) Selon vous, pourquoi les prisonniers laissent-ils des traces sur les murs de leurs cellules ?

(Répondez en trois lignes au maximum) (1 pt)

-Exemple : À mon avis, les prisonniers désirent laisser une trace de leur passage et transmettre ainsi des messages à ceux qui vont les remplacer.

10) Le narrateur semble éprouver un sentiment de pitié envers les prisonniers qui sont passés par la même cellule. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation.

Justifiez votre réponse (en quatre lignes au maximum). (1 pt)

-Exemple : Je suis d’accord avec cette affirmation car en tant qu’être humain, on ne peut qu’éprouver de la pitié et de la compassion vis-à- vis de la souffrance d’autres personnes.

correction_tanger2014.pdf