Jeudi 12 décembre 2013 • 18h30 à 21h • UNamur (61 rue de Bruxelles) • Local L25 (2ième étage)
« Les objets perdus dans la Pittura Metafisica de Giorgio de Chirico »
Le peintre Giorgio de Chirico n'a jamais établi par lui-même la relation entre la perte de son père et la mélancolie dans son œuvre.
Cette relation se présente sous d'autres signifiants : sa nostalgie pour l’Italie, sa préférence pour les styles romains, les techniques des vieux maîtres, les départs, le piazze vuote, etc. Quel fantasme se cache derrière toutes ces formations artistiques ?
Dans La logique du fantasme, Lacan a écrit : « Tel est le vide si incommode à approcher. Il est maniable d’être enveloppé du contenant qu’il crée. Retrouvant pour ce faire les chutes qui témoignent que le sujet n’est qu’effet de langage : nous les avons promues comme objets a. Quels qu’en soient le nombre et la façon qui les maçonne, reconnaissons-y pourquoi la notion de créature, de tenir au sujet, est préalable à toute fiction. On y a seulement méconnu le nihil même d’où procède la création, mais le Dasein inventé pour couvrir ces mêmes objets peu catholiques, ne nous donne pas meilleure mine à leur regard. » (Lacan, J. « La logique du fantasme. », dans Autres écrits, Seuil, Paris, 2001, p. 324).
C’est à partir de cette creatio ex nihilo que nous voulons interpréter les signifiants des espaces vides dans l’œuvre de Giorgio de Chirico.
Au début de la Pittura Metafisica, nous voyons le développement d’une ouverture à une architecture d’image fermée. La profondeur et l’horizon sont abolis et donnent de cette façon visibilité à un interspace illusoire, avec des fausses ombres portées et des points de fuite paradoxaux (Baldacci, G. Giorgio de Chirico 1888-1919,, Bulfinch Press, Boston,1997, pp. 115-124). Les images de rêves nous reportent à une scène primitive. C’est tellement silencieux dans les mises en scène de De Chirico. Il y a une profondeur absolue et un abîme inaudible et ineffable.
Est-ce la création d’un objet pour pouvoir s’en séparer ?
Est-ce que ça donne forme à la vie psychique ?
ou est-ce que ça laisse le sujet en proie à l’excès d’imaginaire ?
Joannes KÉSENNE
- Licencié en philosophie (Université de Gand, 1978),
- Postgradué en "Counseling Lacaniaanse Psychoanalyse (Université de Gand 1987)
- Docteur en Psychologie (Université de Gand 2012), thèse : « Onderzoek naar de psychologie van de melancholie in de psychoanalytische literatuur in relatie tot de melancholie in de Pittura Metafisica van Giorgio de Chirico. » (« Recherche sur la mélancolie dans la Pittura Metafisica de Giorgio de Chirico à partir des théories psychanalytiques de la mélancolie »)
- Chargé de cours au Département des arts visuels de la Haute école provinciale de Limbourg.